Le mode de pensée et de gestion capitaliste conduit à des épisodes cycliques de crises. C’est dans sa constitution même.
Or cyclique ne veut malheureusement pas dire qui revient avec des périodes avec un temps régulier, ce qui nous permettrait d’anticiper.
A chaque fois, c’est le peuple qui pâtit le plus, par l’augmentation des chômeurs, la perte de repère, la dépression économique, la peur, angoisse du lendemain, etc..
Aujourd’hui, face à l’incertitude d’une pseudo éventuelle relance de l’économie qui ne peut pas être viable en l’état des situations d’endettement colossales des états, (crise monétaire majeure (janv 2010) ), et à plus bas niveau des départements français (25% en faillites), les relocalisations sont non seulement des réponses alternatives au Capital mondialisé, mais aussi autant d’occasions de rehausser le niveau de la démocratie, réinventer la valeur d’usage et la gratuité, et les services publics agents de développement humain, la solidarité, la protection de la biodiversité, la démocratie économique et culturelle, un partage véritable des savoirs… bref l’occasion de créer un meilleur rapport autre que par des rapports de force matérialisée par les trop nombreuses manifestations et pétitions, et l’occasion de nous libérer de l’addiction à l’argent roi et de l’égocentrisme, de résister aux bouleversements qui viennent par une multitude de transitions vers un meilleur à créer par plus de démocratie.
La guerre est possible !
Il nous faut stopper les causes en s’en prenant au cœur du système.
Qu’est-ce le coeur de ce système : « c’est l’accumulation qui est la perversion du capitalisme. » Silvio Geisell
l’appropriation privée des moyens de produire, d’échanger, de penser :
la monnaie, les banques, l’industrie, la (grande) distribution, les transports et communications, les terres,
mais aussi les moyens de la production intellectuelle et symbolique.
La saigné du cœur ? le système qui courcircuite la redistribution c’est l’extraction de la valeur de la production par et pour les actionnaires à raison de plus 15% par an. Le résultat du productivisme du capitalisme financier c’est la perte de 9% du PIB à la redistribution depuis les années 1980 soit 120 à 150 milliards d’Euros en moins par an.
Par la propriété privée des moyens de la production intellectuelle (songez Holliwood) il tente de coloniser non seulement les imaginaires mais aussi les consciences par la fabrique de conduite et de comportement addictif d’achat de biens produits régulièrement de manière immorale en Chine par exemple.
Il tente aussi de changer les comportements incitant à la collaboration (inconsciente) par les mille canaux de sélections (concours notamment pour s’assurer de la docilité des encadrants des classes moyennes) et de la surveillance inter-employés par exemple (exemple des grandes salles de bureau partagées de type Open Space… ).
Ceci, non seulement dans et par le marché mais par et dans l’appareil d’état qui a abandonné ses anciennes fonctions imposées par la résistance-libération et les luttes sociales …
Il s’est tiré une balle dans le pied grâce à la philosophie d’une économie néolibérale appliquée à la gestion de l’Etat, dont nous sommes si fiers et qui a liquidé les biens communs au profit du privé et a renforcé les fonctions de protection des plus riches pour leur permettre de s’enrichir encore plus.
Grâce aux élections sous contrôle des citoyens une fois chaque 5 années, des citoyens éclairés par des médias, des médias sous contrôle des banques et multinationales c’est à dire des élites économiques, des élites qui choisissent le (la) candidat(e) en la lançant eux mêmes en amont, élites qui traitent le peuple de crétin quand il est l’heure de résister (de voter non au TCE : Traité Constitutionnel Européen)
Tout cela grâce aux candidats issus des classes moyennes, issus des classes sociales gestionnaires dans l’état ou les sociétés privées, rejoignant (sauf pour les trop petites communes) la « classe politique » des professionnels plus soucieux de leurs privilèges d’état (voir « L’argent des politiques ») que du bien commun, issus d’une pré-sélection dans les partis parmi ceux survivants des luttes de pouvoir, et parmi les élites sociales.
Des partis d’opposition eux-mêmes gangrenés par le carriérisme vu les occasions qu’offre le système de s’enrichir en changeant d’avis (non la vie), de se servir (au lieu de servir) grâce aux rétro commissions, de décider à la place du peuple au lieu de partager la décision avec lui, d’entretenir l’illusion de démocratie représentative (faire semblant de gouverner pour le peuple quand bien même ce sont les marchés qui fabriquent les décisions essentielles (1) grâce à un parlement impuissant (alors pourquoi y aller au lieu de se battre pour le peuple ?), à ses 20 000 lobbyistes à Bruxelles et autres moyens de gouvernance a-démocratique)
Comportements
Vivre autrement plutôt que chercher à gagner plus est une aspiration croissante née de l’intensification insupportable du travail.
Les « remerciés » de la croissance n’ont pas choisi mais rencontré une possible réorganisation de la vie compétitionnelle, compulsive et souvent « automatique » antérieure, libérant des potentiels d’invention d’autres façons de vivre, d’entrer en relation avec la nature et les autres…cette fois-ci choisies …La souffrance et la perturbation sociale sont à la source aussi de résiliences, d’inventions d’astuces individuelles et de stratégies d’autonomie collective (alimentaire, énergétique, d’habitation) formant une nouvelle culture faisant prédominer le produire sur le consommer, une production de ce dont on a besoin, du petit éolien aux panneaux solaire en matériaux de « récup »du lopin de terre chez un ami paysan pour manger sain et économique, à la coopérative maraîchère en ceinture verte de la cité, des lectures de fond à la création retrouvée, de l’engourdissement mental au réveil de l’esprit critique à l’égard du système, dont la logique profonde est bien mieux comprise de l’intérieur même de ses pires malfaisances. Ces mutations de culture en marche souterraine sous le bruit des médias dominants… font la puissance des pauvres face à la réplétion du pétrole et des services publics.
C’est un capital précieux qui nourrira la démarche démocratique d’idées concrètes de relocalisations sobres et de solidarités autres que compassionnelles…de bras la nouvelle économie écologique..et devront mettre de cerveaux à l’intelligence collective local…Ce sont ces nouveaux savoirs et cultures qui mettront en marche de nouvelles énergies, celles que l’on ne voit pas dans la classe politique ou la démocratie participative ….qui casseront l’extrême morosité sociale et écologique ambiante, qui reconstruiront les solidarités concrètes et remettront du bonheur dans le quotidien, qui nourriront les prises de pouvoir de la société civile sur la classe politique locale…
Des solutions et stratégies en expérimentations sont à portée de main qui montrent le chemin : localement, il est d’ores et déjà possible de se passer des banques, des multinationales, des grandes surfaces, des médias dominants, de la classe politique… Il est possible de mettre en réseau au niveau d’un pays la multitude foisonnante d’alternatives et de résistances en COMBINANT :
-l’engagement démocratique direct le plus large pour le budget participatif, -l’affermage et préemption communale de terrains pour l’autonomie alimentaire , l’éco-habitat social groupé,
-la production d’énergie durable par petites unités,
-les coopératives municipales, les cantines au bio, le crédit en scop ou scic,, la relocalisation, les coopératives ouvrières de production,
– les circuits directs,
– l’école et les services publics agents de développement local,
– la création artistique par tous débouchant sur des festivals culturels participatifs, etc etc.
Des expérimentations locales riches d’enseignements existent : elles sont transposables, comme le budget participatif ou les scops en réseau autour d’une cité comme Mondragon en pays basque qui n’ont pas licencié depuis 55 ans, ni emprunté aux banques, et qui résistent et se développent malgré la mondialisation.
Bref on peut faire advenir au local la prédominance politique de la société civile (voir texte du premier dépliant de la CEN en attaché) et d’abord sur l’économie, rebondir sur les effondrement, réinventer au local une économie « de résilience » en symbiose avec la nature, humainement conviviale
Il faut pour ce faire développer la démocratie économique de socialisations des moyens de banque et de production en même temps que leur relocalisation coopérative,
pas seulement d’élargir l’économie sociale et solidaire, qui fonctionne actuellement plus dans le concept de voiture balai des ravages du Capital.
Oui, il est possible de commencer d’ASSÉCHER le CAPITALISME par sa base !
Ainsi peut-on faire coup double, social et écologique
tout à la fois de l’emploi convivial local, la réduction des inégalités et la chute massive d’émission de CO2
Ces stratégies ne sont pas des utopies fumeuses elles s’appuient sur
DES EXPÉRIMENTATIONS VALIDES !
Des séries d’expérimentation en Amérique latine, en Europe, en France fonctionnent et sont porteuses d’espoir et de mobilisation.
Des cités allemandes viennent de construire des systèmes énergétiques autonomes en cogénération (production d’électricité et de chaleur via du bois déchiqueté)
Leur financement si la Commune n’a plus le sou ne doit rien à des emprunts aux banques ni à des investisseurs actionnaires rémunérés à plus de 15% mais à une sorte de tontine municipale de l’énergie c’est à dire à une mise en commun des ressources entre particuliers aisés et moins pauvres. Et cela sert tous les habitants à des tarifs bien moins élevés tout en créant des emplois locaux. De surcroît l’argent reste en circulation au local contribuant à l’enrichissement collectif au lieu de partir engraisser les riches investisseurs « étrangers » (voir site Cen Doble)
Une Commune du Doubs quant à elle depuis longtemps brûle de la sciure de ses scieries dans une chaudière de locomotive à vapeur…
Ainsi après Munich et son eau bio,
Rome et 22000 ha acheté pour ses cantines, en France
Lons le Saulnier a-t-elle réussi à faire passer au bio sa ceinture verte et à approvisionner ses cantines …
à Porto Alegre où près de 10% de la population (150 000 habitants) a décidé du budget d’investissement…Et comme il n’y a pas 150 000 riches ce sont les volontés des pauvres qui ont prédominé sans violence, sans un seul coup de feu…
La petite Cen que nous sommes et son réseau ont aussi des propositions très concrètes autour de l’autonomie alimentaire, des cantines au bio, du traitement et de l’enlèvement des déchets ménagers verts, de la production maraîchère bio, du logement bois paille, de l’habitat groupé, et choisi (avec Yourtao) des jardins partagés au pied des immeubles (avec Passe jardin), un festival avec « Autres mondes », des énergies de petite taille, des recycleries, de l’accompagnement scolaire, de la formation des jeunes …par la démarche du projet…Sans s’enfermer dans le localisme…
Ces propositions de démarches locales sont de nature, avec l’éducation populaire, à donner confiance à un vaste mouvement politique de la société civile.
Elles permettent de se défaire de ce qui est délaissé en nous par le système de pensée dominante (notre désir d’émancipation, sortir de l’aliénation) par le retour au l’énergie vivante qu’il y a en nous et au convivial.
La confiance revenue, une culture de la coopération qui reprend le pas dans les consciences sur l’esprit de compétition, et faire disparaître les rapports de forces, on pourra sur de telle base oeuvrer en local pour reconstruire d’autres rapports au niveau global.
– réquisitionner et nationaliser (avec tri-gestion) les banques, et ainsi faire disparaître : les paradis fiscaux, les stocks options, les capitalisations par fond de pension pour les retraites ;
– nationaliser et dissoudre les grands groupes et les subdiviser en unités en autogestion par les ouvriers, mais (voir ci-dessous) écologiquement viable.
– Construire une politique industrielle centrée sur l’usage, l’utilité locale, le recyclage, la soutenabilité, et le contrôle citoyen local,
– La « gratuités » maximales pour la santé, l’éducation
– Des prix d’accès aux services publics les plus bas, en les relocalisant et en les générant localement par des ecclésias locales [Assemblée de citoyens dans la Grèce antique.] (par exemple une école connectant les étudiants aux projets locaux, les associant à la production culturelle (festival, médias, ..) mais aussi économiques (scop, caisses populaires de crédit, crédit minicipal, etc.) mais aussi aux débats de la collectivités sur les grands choix locaux…et associant parents et autres mouvements locaux à sa gestion) etc…
Imposer les riches de façon nettement plus progressive dès 2500 E de salaire par mois et redistribuer les dépassements aux services publics, aux plus pauvres : en effet, il faut savoir qu’un prélèvement de 10% des revenus aux 10% les plus riches permet de doubler les revenus des plus pauvres qui se trouve au RMI.
– développer le plus possible de services gratuits ou selon le QF : Quotient Familiale.
– taxer aux frontières en développant un protectionnisme écologique et social aux critères universalisables,
– donner de quoi assurer la formation économique, politique, écologique et culturelle des jeunes et moins jeunes
– de remettre en cause le FMI, la Banque mondiale, l’OCDE
– sortir de l’OMC
-Inciter la France à lancer une vaste offensive diplomatique pour des relations internationales fondées sur la coopération selon les principes de la Charte de la Havane (1948) pour un nouvel ordre écologique, politique, économique, social, démocratique mondial (notamment nouvelle ONU des peuples et non des seuls gouvernements partisans) lutter au niveau global contre la famine en sortant la nourriture de la spéculation du marché
– Toutes ces options associées contribuerons pour sûre à faire disparaître le symptôme de mal développement qu’est le réchauffement climatique. On ne lutte pas contre le changement climatique. On change de vision de notre développement.
ELLES S’APPUIENT SUR UN NOUVEAU CONCEPT : L’ECONOMIE ECOLOGIQUE (démocratique et sociale)
Peu à peu peuvent se construire ainsi par complexification du tissu économique relocalisé, par différenciations et complémentarités entre pays proches, par la réutilisations des biens « sur place » (recycleries), une économie écologique, une économie qui conciliera les impératifs avec la nature et les humains, un nouveau contrat avec le vivant et un autre rapport au travail …
Une économie écologique où rien n’est déchet mais tout est ressource. Une économie fonctionnelle fondée sur la valeur d’usage (et non marchande) avec des objets « durables », des outils loués et non vendus, réparables et réutilisés jusqu’à sa fin de vie. Des énergies inspirées ou utilisant les microorganismes de la nature (digesteurs de la bio masse pour fabriquer à la fois du gaz pour le chauffage et l’électricité par exemple), le but étant d’enrayer ou stabiliser l’effet de serre, la destruction de la biodiversité, de dépolluer les sols et les eaux tout en régénérant l’humus détruit par l’agriculture intensive pétrochimique et le Glyphosate (ex : Rundup de Monsanto), …
En bref de rechercher localement avec les savoirs qui ont fortement évolués, une symbiose entre cette économie coopérative et démocratiquement contrôlée et la nature…
Une alternative locale au système, puis du local au mondial permet d’HABITER les SITUATIONS de METTRE DE NOUVELLES FORCES EN MARCHE DE FAIRE EVOLUER LES MENTALITÉS DE DEPASSER DES CLIVAGES POLITICIENS tout en CONSTRUISANT un rapport à l’autre, non violent, beaucoup plus favorable…
Un nouveau rapport à l’autre qui SEUL sera capable d’enlever aux Maîtres d’ici et du monde leur pouvoir violent hyper concentré dans l’économie réelle, dans la finance, la culture, les médias, l’éducation, et la politique des gouvernements, à tout le moins de réussir par « leur copinage oligarchique » de définir dans les textes de loi leur liberté et leur puissance de nuire, leur absurde course au productivisme, leur accumulation insensée de richesses, vénérer la croissance économique, la compétition des Hommes, leur main mise sur les masses médias et des systèmes d’enseignement.
Les riches et dominants veulent tout dominer, mais leur système de pouvoir se délégitime.
Pensez au seul fait qu’ils ne sont après tout que 600 milliardaires en dollars et 11 millions de millionnaires mais ils réussissent à gouverner par la collaboration inconsciente de tant de gens du peuple et celle plus ou moins involontaire des classes moyennes. Et cela, parce que le système décisionnel n’est pas suffisamment démocratique.
Localement, il est donc d’ores et déjà possible, ici et là, de se passer des banques, des multinationales, des grandes surfaces, des médias dominants, de la classe politique politicienne, dans un même processus de co-construction des savoirs et des décisions dans la culture, l’éducation, l’économie, la politique, l’écologie…
Il est possible d’ASSÉCHER le CAPITALISME en commençant par ses PIEDS !
Cette démarche est de nature à recréer de l’emploi socialement utile (travailler ici, tous, autrement), à transformer les services publics en agents de développement humain local, à étendre la sphère de la gratuité (eau, énergie, santé, éducation..) par la taxation de tous les revenus dépassant le plafond co-définis.
Elle conforte les mobilisations globales pour la planète et contre le crash alimentaire qui menace actuellement (2010), pour un gouvernement mondial des peuples, pour le développement des biens publics prioritaires : climat, eau, biodiversité, santé, semences et souveraineté alimentaire…(lire la suite dans le rapport d’orientation de la CEN)
(1) en témoigne l’info suivante : les 2/3 des OGM échappent à toute réglementation grâce à l’Europe, ainsi 80% des choux que nous mangeons sont des OGM obtenus selon deux autres techniques que l’introduction dans les noyaux, cf notre récente chronique sur radioblv.com et sur ce site),
André Duny