Dans la lignée du festival Alimenterre qui s’est déroulé dans plusieurs villes de France, ce film vise à nous sensibiliser sur la crise alimentaire mondiale, beaucoup plus grave que la crise financière.
« Vers un crash alimentaire »
un film d’Yves Billy et Richard Prost 81 minutes HD
Dans le monde, trois milliards d’hommes souffrent déjà de malnutrition. I milliard sont affamés dont 130 millions de plus durant les seules années 2007 et 2008 Nous avons enquêté en Europe, interrogé de nombreux spécialistes de l’agriculture et de l’alimentation, parcouru, l’Afrique et ses disettes chroniques , mais aussi, les exploitations de céréales et soja de l’Argentine et les usines d’éthanol aux États-Unis, puis traversé une Chine en voie d’urbanisation accélérée. Pour parvenir à nourrir sa population, celle-ci investit désormais à l’extérieur de ses frontières, en Afrique et, justement, en Argentine. Avec l’exemple du maïs et du soja, deux cultures majoritairement livrées aux OGM, que les agrocarburants, mais aussi l’élevage intensif, disputent à l’alimentation humaine, ils nous permettent de comprendre pourquoi la demande agricole grimpe alors que l’offre baisse. En dehors même des phénomènes boursiers c’est un problème de raréfaction de la production alimentaire qui s’installe de façon structurelle. Une démonstration accablante, qui nous interroge : sommes-nous capables d’éviter la perspective de ce crash annoncé?
Si l’on ne prend pas de mesures rapidement, la rareté alimentaire ne peut que s’accentuer. Entre les agrocarburants, la demande croissante des pays émergents et les déréglements climatiques la menace d’un crash existe réellement. C’est le défi du XXIè siècle. Depuis des années, pourtant, la FAO a tiré la sonnette d’alarme, et alerté sur le rétrécissement des productions et les sécheresses qui frappaient de grands pays producteurs de céréales comme l’Australie. Si la récolte 2008 s’annonce meilleure, le problème, d’ordre structurel, n’est pas résolu, en particulier concernant l’Afrique. D’autant que l’aide alimentaire dépend aussi des denrées disponibles. Rééquilibrer la production dans les pays pauvres coûterait environ 30 milliards de dollars par an, selon la FAO qui a peiné à en obtenir 5, lors de son dernier congrès en juin. D’où son étonnement aujourd’hui devant la mobilisation de mille milliards de dollars pour sauver la finance internationale.
En fait les paysans et les agriculteurs en sont les premières victimes. Nous avons rencontré de nombreux experts et enquêté dans des pays emblématiques de la question agroalimentaire. La Chine, par exemple, réunit à elle seule tous les enjeux, à la fois démographique, économique et écologique. Si elle a presque réussi à nourrir ses 1,3 milliard d’habitants (en dépit de 150 millions de sous-alimentés), la désertification dans le Nord, l’érosion des sols et l’urbanisation galopante réduisent à grande vitesse ses terres arables. En même temps, une partie de sa population dont le niveau de vie augmente (20%, soit 300 millions de personnes !) mange plus de viande et de laitages. Affectée aussi par les changements climatiques, l’Afrique subsaharienne, elle, voit les pays du Nord y vendre des produits agricoles subventionnés moins chers que ceux des paysans locaux. Et puis il y a ces pays considérés comme les greniers du monde, telle que l’Argentine et, au centre de tout, les Etats-Unis qui avec leur production d’éthanol diminuent leurs exportations.
Malheureusement, dès qu’ils en ont les moyens, la plupart des pays émergents s’orientent vers une agriculture faisant la part belle aux engrais voire aux OGM. Une politique désastreuse pour les paysans, contraints à l’exode rural. Si certains pays riches comme la France peuvent combiner deux types d’agricultures, il faut parvenir à réguler le système de l’intérieur, en fonction de chaque pays, rééquilibrer les importations et les exportations et aider les plus pauvres à développer des agricultures vivrières qui permettent aux gens de se nourrir. Surtout, il est essentiel que la nourriture soit retirée des marchés financiers et ne soit plus dépendante de fluctuations à court terme. Avec ce film, il s’agit de sensibiliser à la rareté alimentaire, encore peu perceptible en Occident.
Intervenants principaux dans le film :
Bruno Parmentier Directeur ESA
Lester R. Brown Président de Earth Policy Institute
Marc Dufumier Chercheur AgroParisTech
Jean-Luc Domenach CERI
Philippe Colin Secrétaire national de la Confédération Paysanne