Environ 1⁄3 de la population urbaine vit aujourd’hui en bidonville. Pour lutter contre la malnutrition dont sont victimes ces citadins touchés par une extrême pauvreté, SOLIDARITES INTERNATIONAL développe depuis 2008, avec l’appui de Peggy Pascal, notre experte en sécurité alimentaire, une technique simple et efficace : l’agriculture en sac.
La réponse à la sous-nutrition urbaine est dans le sac
Aujourd’hui dans le monde, 830 millions de personnes vivent dans les bidonvilles. La promiscuité et le manque d’espace ne leur permettent pas de cultiver de quoi se nourrir. Elles doivent tout acheter. N’ayant pas les moyens de se nourrir correctement, elles souffrent de la faim, voire de sous-alimentation. Pour combattre la malnutrition, nous mettons en œuvre une solution simple, peu coûteuse et porteuse d’avenir. Dans les ruelles de Kibera, le plus grand bidonville d’Afrique situé à Nairobi, dans celles des camps de Port-au-Prince en Haïti et de Mae La, en Thaïlande, des dizaines de milliers de familles se nourrissent grâce à l’agriculture en sac.
Le seul moyen pour diversifier leur alimentation
Ce concept est particulièrement adapté à la grande concentration de population et à la malnutrition dont sont victimes les habitants de bidonvilles. Il suffit d’un espace réduit et de très peu d’eau pour que les familles y cultivent choux, épinards, amarantes et autres légumes locaux… Un moyen pour ces populations, bien souvent originaires de milieux ruraux, de diversifier leur alimentation, voire même de dégager un revenu en revendant leur surplus au marché. Résultat : alors qu’avant le projet, 97 % des ménages dépendaient du marché pour s’approvisionner, 87 % des ménages ont réduit leurs dépenses de légumes d’au moins 50 % et 77 % n’en n’achètent plus du tout. L’argent économisé est utilisé pour acheter d’autres denrées alimentaires, des médicaments ou payer les frais de scolarité des enfants.
Une technique qui s’approprie facilement…
La technique de la culture en sac est simple, peu coûteuse et ne demande pas de savoir-faire particulier. Il suffit de remplir le sac de terre, en prenant soin de disposer des pierres au centre pour que l’eau s’infiltre bien, puis de trouer le sac sur les côtés pour y planter, de haut en bas, différents légumes. Nous formons les habitants à fabriquer eux-mêmes biopesticides et fertilisants organiques comme le compost. Nous créons des pépinières qui sont ensuite privatisées. Partout, les gens s’approprient très vite cette technique, preuve de son efficacité. Ils en voient rapidement l’intérêt alimentaire et économique. C’est aussi un projet valorisant pour eux. Voir les plants grandir, s’en occuper, cela leur donne confiance en eux et en leur capacité à pouvoir s’assumer.
… mais en panne de financement
Le Monde y a consacré une demi-page en septembre. France 5 a diffusé cet été un documentaire sur le sujet. L’AFP a réalisé un reportage photo à Kibera. Le web en fait ses choux gras. Nos partenaires financiers internationaux reconnaissent l’efficacité de ce concept et louent ces résultats. Il n’empêche. À Nairobi, là-même où nous avons mis en place cette technique pour la première fois, nous sommes toujours à la recherche de fonds pour continuer à développer ce programme dans les bidonvilles et ainsi faire bénéficier cette approche à toujours plus de familles. PP
* Peggy Pascal est responsable de notre Département Technique et Qualité des Programmes. Sa mission, piloter ce service qui apporte son expertise technique aux missions, en matière de sécurité alimentaire et bien sûr d’eau, d’hygiène et d’assainissement.
AIDER
Avec 76 €, vous permettez à une famille de se nourrir grâce à l’agriculture en sac (soit 19 € après déduction fiscale).