Chômeurs insoumis

Voici des réflexions essentielles sur le travail et le chômage :

http://grenoble.indymedia.org/2014-09-26-Chomeurs-insoumis

La suite : http://inventin.lautre.net/livres/Feignasse-N3.pdf

et le blog : http://collectif-feignasse.over-blog.com/

sur facebook : https://www.facebook.com/groups/167434090100270/?fref=ts

 

Exclue, invisible, oubliée, une personne sur trois n’a pas d’emploi. Laissés‑pour‑compte, nous ne sommes pas les pertes nécessaires à la survie d’une économie totalitaire. Nous ne voulons plus être ceux que nous sommes forcés d’être. Nous ne sommes pas coupables d’être des victimes innocentes. Nous ne sommes pas les marchandises du marché de l’emploi, et refusons l’asservissement à un travail avilissant. Notre activité doit être libérée de l’emprise des exploiteurs. Nous ne voulons plus survivre dans le stress, la culpabilité, l’angoisse, la souffrance et la misère mais vivre dignement et pleinement. Nous voulons l’égalité des revenus et la répartition du temps de travail.

Les fascistes voudraient expulser tous les exclus de la société comme des déchets. Les nouvelles religions économiques utilisent la misère du chômage pour faire peur à ceux qui travaillent et ainsi renforcer la pression afin de les rendre plus productif et de mieux les soumettre. Dans cette société en ruine, les pervers narcissiques qui dirigent, considèrent le chômeur comme un profiteur assisté, un parasite qu’il faut ficher, numéroter, informatiser, surveiller, contrôler, maltraiter, infantiliser, humilier, apeurer, isoler, stigmatiser, rabaisser, dénigrer, harceler, accuser, culpabiliser, sanctionner, radier, exclure, condamner, martyriser, sacrifier, punir, pour le rendre plus honteux, dépressif, désespéré au point de s’immoler…

Nous refusons d’être pris comme les dommages collatéraux d’une guerre économique qui serait incontournable. Ce système inhumain profite largement à une toute petite caste, ces 1 % d’obsédés de l’argent facile, malades de la fortune à tout prix, cupides pathologiques, mafieux affairistes qui appauvrissent et martyrisent les populations, en détruisant l’économie, la société et la planète. Ces escrocs ont produit un enchaînement de dettes sans fin pour spéculer sur l’incertitude et rafler des sommes gigantesques, en ruinant un futur en décomposition. Les pompes de la finance engloutissent les liquidités et assèchent une économie qui se rabougrit. Dans les circuits de la finance de l’ombre, les monstrueuses richesses qui s’accumulent dangereusement, sont devenues invisibles. Aussi, les inégalités n’ont jamais été aussi énormes, infâmes et révoltantes.

Nous ne croyons pas au travail rédempteur, propagande médiatique des dominants, ni aux divinités économiques qui nous sacrifient. Le travail qui nous permet de survivre, n’a que le mérite de profiter aux plus riches qui n’ont que le mérite d’être nés du coté de la « haute société ». Le sacrifice d’une vie de servitude pour un travail « à tout prix » n’a jamais épanoui personne. Mais parfois, la paraisse émancipe de l’effort de l’esclavage quotidien.

Nous ne respectons pas la hiérarchie, car le pouvoir usurpé est toujours un abus de pouvoir. Nous ne voulons pas de ce monde de rivalités compétitives, où il n’y a pas d’autre choix que l’esclavage du travail ou la misère du chômage.

Ne nous laissons pas tromper ! De l’argent il y en a beaucoup trop pour ceux qui n’en n’ont pas besoin. Les parasites de la société sont les rentiers, les capitalistes fraudeurs, les prédateurs usurpateurs, les banquiers assistés, les actionnaires profiteurs, la délinquance financière, les spéculateurs escrocs, les économistes théologiens de la nouvelle religion d’État… Les pervers narcissiques du « chacun pour soi », « contre tous », ces fous de la compétition fragmentent la société en unités guerrières, déstructurant une civilisation déjà agonisante. Au nom de la vie, refusons ce système barbare, ignoble, moribond, destructeur et sans aucun devenir.
Sans emploi, nous ne sommes pas les « en trop » du système, mais ensemble, nous sommes la solidarité réinventée, la cohésion sociale en marche vers son devenir à reconstruire.

Le mode de vie américain, répandu par les médias, on n’en veut pas ! Ce qui est en jeu, c’est la libération de notre vie. C’est elle seule qui nous permettra d’avoir plus de plaisirs et de satisfactions. Ce dont nous avons besoin, c’est plus de place pour l’amour, l’amitié, le jeu et les enfants, plus de temps pour réfléchir, partager, inventer, s’épanouir ou paresser, et reprendre le pouvoir sur nos vies pour décider ensemble comment nous auto‑organiser et produire ce qu’il nous plait, et aussi de nous occuper de ceux que nous aimons.

Les chômeurs ne se réduisent pas aux exclus du marché, nous sommes des êtres humains qui affirment leur droit de vivre et le prennent. Chômeurs, précaires et tous ceux qui sont privés de moyen d’existence, ne survivons plus comme des esclaves ! Réinventons la vie sociale dans la liberté, l’égalité, la solidarité, l’auto-organisation collective. Nous sommes le nouveau monde qui se réalise dans la révolte. Debout tous les sans emploi de la vie ! 
Osons désirer tout et n’attendons rien ! 
Prenons ensemble ce que nous pouvons, occupons notre monde !

Cou Tors, membre du collectif Feignasse, août 2014

EXTRAIT DU JOURNAL FEIGNASSE N°3, SEPTEMBRE 2014