La « République » de Saillans sur France Culture
http://www.franceculture.fr/emissions/sur-les-docks/la-republique-de-saillans-0
Situé entre Crest et Die, Saillans est un village de 1200 habitants à la réputation rebelle, qui a élu une liste collégiale et participative aux élections municipales de 2014.
**Un documentaire de Sarah Jacquet et Assia Khalid
**Prise de son : Georges Tho Liste et soutiens • Crédits : Emmanuel Cappellin
**Mixage : Eric Boisset
Depuis les élections de 2014, habitants et élus expérimentent une nouvelle façon de travailler, de débattre et de prendre des décisions. Dans les ruelles, au café, les Saillanssons parlent un bien étrange langage. Il est question de transparence et de collégialité, de binômes et d’élus référents, de commissions et de groupes action-projet, de bienveillance, de comités de pilotage et de référendums locaux.
Comment fonctionne cette mairie ? Comment les habitants sont-ils associés ? L’absence d’expérience politique de la nouvelle équipe garantit-elle un exercice du pouvoir différent ?
Avec :
Mireille Banet, Salomé et Frédéric Morin, habitants de Saillans
Marie Avenel, animatrice
Bruno Monier, animateur et membre du Conseil des Sages
Vincent Beillard, maire
Tristan Réchid, membre du Conseil des Sages
Franck Monge, maire de Vercheny
Petite note de musique CEN
Saillans 1200 habitants dont 250 inscrits dans 14 commissions expérimentent la co-construction des décisions. Une source d’inspirations pour nous tous, à Valence, à Crest, à Romans, à Privas, à Montélimar, Aubenas, Tournon, Saint Marcelin, Vienne, Bourgoin, Annonay, Lyon Grenoble…
Partout la société civile dispersée cherche en elle même des solutions de mobilisation citoyenne en vue de ne plus laisser les seuls partis et l’élite notable continuer à faire fonctionner une démocratie représentative qui ne représente pas le peuple ….mais les puissants propriétaires et dominants.
Les arguments sont connus : 0 ouvriers sur 577 députés 6 ou 7 employés (pour 10 millions de salariés) et l’argent public qui va soutenir des réalisations servant plus la croissance des grandes entreprises des investisseurs privés que les besoins humains de base des classes populaires.
Heureusement ça branle dans le manche…
Rappelons que les habitants d’ici se sont d’abord rassemblés dans la lutte contre une grande surface qui aurait tué leur centre ville et réduit une surface vivrière vitale pour leur sécurité alimentaire.
Il n’y a pas que la Clairette de Die dans la vie alimentaire des moins riches !
Les terres arables en ceinture verte, les zones humides, la forêt bref ce qui reste de la nature vont manquer cruellement ces prochaines années car un terrain de football disparaît sous le béton ou le bitume chaque 4,7 mn en France !!!
Partout ailleurs, nous pouvons, comme à Saillans , nous mobiliser dans des Collectifs (à Saillans ce fut entr’autres Coeur de Saillans vivant, l’Oignon, café associatif à 600 adhérents, où nous eûmes tant de plaisir à organiser deux débats dont un sur « la Ville est à nous », un sur Marinaleda (une politique publique de récupération du foncier agricole soit 450 emplois dans les oliviers et les poivrons …)
Nous pouvons nous mobiliser contre les projets inutiles et pour construire l’alternative s’appuyant sur le plus grand nombre (journaux alternatifs, débats, tracts, animations sur les marchés, prises de parole aux conseils municipaux…) pour des politiques publiques « populaires », pour un développement économique local endogène disant adieu à la croissance, aux Z’investisseurs, au gaspillage de l’argent public…mais centré sur les besoins prioritaires définis en intelligence collective par ceux qui d’ordinaires subissent ces politiques…en y consentant (sans bouger, ou dans le silence des pantoufles) sans y consentir (en s’indignant cependant mais isolément)
Un développement endogène (et non une « croissance quantitative) est générateur de nouvelles façons de produire le nécessaire (en petites unités locales), de nouveaux rapports sociaux (plus fraternels), d’une nouvelle intégration à la nature, …Il peut à terme être partiellement réparateur de la planète (cf les forêts comestibles de la permaculture) et des déchirures sociales (notamment en recréant des emplois de qualités et dans la qualité à forte valeur ajoutée comme l’agriculture péri urbaine destinée aux cantines, comme les 1000 emplois de Gussing suite aux 55 biodigesteurs, etc)
Une priorité : la construction publique en régie publique ou en SCIC, des autonomies alimentaire et énergétique comme résiliences de base, comme biens communs de « survie » , parmi les plus utiles à tous en particulier aux classes dépossédées quand s’en viennent en escadrilles bien groupées, les nouvelles précarités massives , le dézingage du code du travail, les périls du réchauffement climatique, un nouveau Trafalgar financier, un crash alimentaire ou un de moins en moins improbable nouveau Tchernobyl dévastateur dans nos régions…
Le tout advient dans une situation inédite où la prétendue « gauche » libérale (en fait une droite gestionnaire des actionnaires) liquide les protections sociales, démonte les services publics les plus indispensables à la population (trains hôpitaux pompiers…), satisfait à la voracité des multinationales des énergies fossiles et de l’agroalimentaire toxique, étend les mesures d’exception donnant un pouvoir étendu aux forces de l’ordre, sans garde fou juridique, donne aux banques le gage règlementaire qu’elles seront sauvées à nouveau cette fois par une ponction de 10% sur tous les avoirs des français (sauf ceux en paradis fiscal) et quand l’Etat annonce qu’il couvrira un accident nucléaire en se substituant à EDF à hauteur de 900 M d’€ (sur notre site) indice que les choses ne vont pas bien du tout dans ce parc nucléaire prolongé dangereusement…
André Duny