PAVE de BONNES INTENTIONS le REVENU de BASE MENE-T-IL en ENFER ?

La pauvreté progresse en France : 1,2 million de plus en dix ans, soit 9 millions selon l’INSEE :14,1% de la population, dont 1/3 d’enfants !!!

Etre pauvre c’est disposer de 840 € max (seuil 50% du niveau de vie moyen) ou 1008 € (seuil européen de 60%)

Le pire hiver depuis longtemps arrive (*) et tombe mal sur les 6 à 9 millions (selon les approches) en précarité énergétique (15% au moins des revenus rien que pour se chauffer)

Car les moins fortunés sont aussi les plus mal logés et les plus proches des zones polluées.

Restent que 140 à 170 000 personnes sont toujours SDF (en face de 3 millions de logements vides) Elles dorment dehors sauf si les moins 6° arrivent, car c’est le seuil fixé par l’état pour l’ouverture de gymnases chauffés (cf sur ce site notre récit à Valence « Il fait froid »)

Et ce n’est rien avec ce qui se profile côté révolution du tout numérique et robotique des technologies non neutres et destructrices : 70% de chômeurs à l’horizon 2030 (demain, évidemment si toutes choses demeurent non révolutionnées)

Montée aussi de la mobilisation.de la coalition Alerte de 38 associations de lutte contre l’exclusion, du Collectif des Associations unies (CAU) de 14 000 structures bref de la société civile contre la croissance inexorable (mais résistible) de la paupérisation

Elle est remarquablement orientée contre l’exclusion politique, « le déni de citoyenneté » fait à ces populations qui ne sont guère prises en compte dans le débat présidentialiste…et même qui sont stigmatisés comme assistés, fraudeurs, lève tard, sans dents…

Cependant elle n’est pas orientée vers les grands rêves qui donnerait envie d’une nouvelle société résiliente sobre juste fraternelle, sans productivisme ni idolâtrie de la technique mais égalitaire et respectueuse de la nature (avec réduction massive des hauts revenus (cf les USA taxant jadis leurs milliardaires à 82% de leurs avoirs !)

Rêvons alors, mais en nous comportant sérieusement avec notre rêve d’une socialisation en régies publiques locales de l’alimentaire et des énergies, d’une démocratie directe et fédérative du local au national, bref d’une société d’écologie sociale qui redonnerait simultanément place à la nature en même temps qu’aux exclus parce qu’elle produirait de la valeur ajoutée sans croissance sans destruction de la nature, dans un mode de production et de vie conforme au renouvellement des ressources…

Faute de ne pas chercher vraiment à déraciner la cause fondamentale : la propriété et le pouvoir capitalistes la pauvreté demeurera unntonneau des Danaïdes, se vidant dès que rempli…

En finir avec le salariat c’est en finir avec le capitalisme et avec l’étatisation aux mains des puissants

Stabiliser les intempéries impose une drastique cessation de l’extraction des énergies fossiles et tout ce qui s’ensuit…

A l’opposé de ces rêves réalisables par mobilisation massive, comme on a su le faire contre Hitler, on assiste au retour médiatique du….. REVENU de BASE !

Proposé du PS à la droite et du FN à certains décroissants

Le débat (la « guerre ? ») des idées reprend donc après l’atonie de ces dernières années

Ainsi :

« Ce qui est passionnant dans le débat sur le revenu universel, c’est cette volonté de dissocier vraiment l’emploi du travail, de ne pas superposer le fait que l’emploi et le travail sont la même chose. C’est décisif pour l’émancipation, c’est décisif pour la dignité humaine » (Cynthia Fleury)

Le revenu de base laisse intact la domination du capital…

Nous sommes des producteurs des créateurs qui ont ayant droit à du salaire, car nous produisons de la valeur d’usage (Bernard Friot)

« Le revenu de base prend acte d’une société de chômage de masse (La France insoumise) »

« Le revenu de base alimente la trappe à bas salaires, à la déresponsabilisation sociale des entreprises et ne répond pas à la socialisation des profits » (F Rauch, l’Humanité)

le RB vise « à mettre à mal le système de protection sociale » (la CGT)

« Roue de secours du capitalisme… » (Bernard Friot)

« Plus les conquêtes sociales semblent inaccessibles, plus l’idée d’une allocation universelle refait surface » (D.Zamora)

On propose de lire

-si peu de temps, des articles courts ci-dessous)(déjà parus sur ce site)

-un livre choc « Contre l’allocation universelle » de Daniel Zamora

-un des livres de B. Friot nonosbstant le peu de cas fait de la crise écologique

– d’aller voir le film de Gilles Perret, sorti le 9 nov dernier: « La sociale »

( à faire tourner après Merci patron)

André DUNY

(*)
On est dans l’intempérie climatique qui va aller de mal en pis avec les milliards de tonnes de GES des carburants fossiles de la méga machine capitaliste et des modes de vie qu’il a su nous imposer à l’insu de notre (parfois plein) gré…Il faudrait quitter le système avant qu’il ne liquide la vie ici bas…Toute une insurrection de masse pour ça et une économie écologique résiliente sans croissance sans fossiles et donc sans accumulation entre les mains d’actionnaires et sans cet état auxiliaire des multinationales…On en parle un peu partout sur ce site. On constate avec plaisir que des sondages récents disent le ras le bol du Capital parmi près de 40% de français !!!)

 

REVENU de BASE (Frank Lepage)

Tempête de commentaires sur ma « saleté de revenu de base », dont Véronique dit « qu’elle s’encontenterait bien »…et c’est bien ça le problème Véronique :

Des tas de gens fatigués de se battre sont prêts à « s’en contenter » et le patronat sabre le champagne…si des milliers de « décroissants » sont prêts à se contenter de 800 euros, le rêve de la classe dominante est atteint. Plus besoin pour eux de verser et d’augmenter des salaires, et plus besoin de payer la protection sociale. (c’est même ça l’astuce du revenu de base) Ils peuvent tout garder et que tout le monde se débrouille avec ses 800 euros. Le revenu de base (pris sur l’impôt) c’est le droit enfin obtenu pour les possédants de se débarrasser du salaire. Et surtout ce ne sont plus les entreprises qui financent la protection sociale. Chacun se débrouille. Et n’oubliez surtout pas la suppression des retraites dans ce projet. youp là là !

Notre salaire, c’est à dire le salaire direct (à nous) et le salaire indirect (aux autres, sous forme de cotisations) est un conquête considérable et géniale. Ne raisonnons pas avec un siècle de retard : Ce qui était l’instrument de notre aliénation au 19ème siècle (le salaire comme juste de quoi ne pas crever) est devenu l’instrument de notre pouvoir quand nous avons forcé la classe possédante à verser du salaire pour des chômeurs, des malades, des retraités, et toute la fonction publique hospitalière). ça s’appelle les cotisations. Quand vous gagnez 1.500 euros, votre salaire est en réalité de 3.000 euros.

Permettre le revenu de base c’est permettre aux patrons de tout garder en profit et de ne plus payer les cotisations. Ni les salaires. Vous aurez déjà 800, mais vous devrez continuer à aller trimer dans des emplois parce que ce ne sera pas assez pour vivre en ville normalement. Comme vous aurez déjà 800 le patron pourra baisser ce qu’il vous verse actuellement. De leur côté, deux ou trois décroissants vous diront que vous n’avez qu’à pas vivre en ville ! « Les citoyens qui souhaitent avoir un niveau de vie plus élevé pourront bien sûr compléter ce revenu de base en étant salarié, artisan ou entrepreneur. Ce salaire universel remplacera toutes les aides sociales existantes, y compris les retraites de base. » (voir article plus bas)…
Le revenu d’existence » trahit l’obscénité même du projet quasi – fasciste de la classe dominante :

Frank Lepage

suite prochaine (…)

Je vous mets un ou deux liens :

http://www.cspinyourface.com/…/pourquoi-le-revenu-de-base-c…

http://geopolis.francetvinfo.fr/la-finlande-prete-a-experim…

 

De
Dominique Lachosme (objecteur de croissance)

Chers lecteurs, ne devrions-nous pas baigner dans la félicité la plus totale ? Ne disposons-nous pas de deux, trois voire quatre voitures par foyer ? Ne serons-nous pas bientôt immortels grâce à nos implants numériques ? Curieusement, l’heure semble plutôt à la dépression collective… Nos doctrines politiques sont usées jusqu’à la corde. Et presque plus personne ne pense sérieusement que nous pourrions stopper la violence écologique, politique et civile.

L’heure est au repli, à la demande de protection, à la recherche de sécurité. Redresser la tête, penser contre les institutions dominantes, lutter contre l’exploitation ? Très dangereux tout ça. Le Front national est « le premier parti de France ». La gauche républicaine assigne à résidence des syndicalistes et des écologistes. Pas question de prendre des risques.

Revenu de base partout !

C’est dans ce contexte que déferlent les idées favorables au revenu universel. Celles-ci se trouvent à l’extrême-droite (FN), chez les libéraux (De Basquiat, Koenig), les Verts (Cochet, Bové), les socialos (Montebourg, Nouvelle Donne), les gauchos (Gorz, Negri), etc. Et même, aussi incroyable que cela puisse paraître, chez certains décroissants (Latouche, Mylondo) ! On ne compte plus les titres de presse qui tressent ses lauriers (Libération, Financial Times, L’Express, Politis, etc.). Bref on aurait plus vite fait de citer les dernières forces qui lui résistent dont… La Décroissance bien sûr ! Notre habitude perverse de ramer à contre-courant ? Non pas.

Enfants du berceau à la tombe

Que révèle de l’époque le revenu de base1 ? Que nous sommes devenus politiquement impuissants. Et ravis de l’être ! Nous aurions dorénavant tous droit – enfants compris2–, sans condition, à un revenu monétaire « parce que nous existons ». Révolutionnaire, n’est-ce pas ? Et on peut compter sur ses partisans pour faire ronfler la machine à superlatifs : nouvelle ère, abolition de l’extrême pauvreté… Toutefois, à y regarder de plus près, avec le versement d’un revenu universel l’Etat nous dirait « Mes petits, vous êtes a priori incapables de subvenir à vos besoins. Et nous, classes dirigeantes qui tenons l’Etat, allons généreusement vous octroyer sans condition un revenu. » Bien sûr, nombre d’entre-nous n’en auront pas besoin (nos revenus seront suffisamment élevés3). Alors leurs salaires, leurs transactions, leur patrimoine seront taxés pour le payer à ceux qui se seront révélés véritablement incapables.

Impuissance

Réfléchissons un peu même si ça donne la migraine. Pourquoi, en France, pendant des siècles, aucun courant politique ne revendiquait une chose pareille ? Parce que tous postulaient que nous, gens du peuple, étions puissants. L’émancipation politique portée historiquement aussi bien par les libéraux que par les socialistes4, supposait que nous prenions progressivement nos affaires en main sans tutelle, sans tuteur. C’est le peuple, disaient-ils, qui produit la valeur économique, pas les classes dirigeantes « parasites » ! Demander à celles-ci de distribuer inconditionnellement au peuple un revenu qu’il a lui même produit ? Absurde ! Politiquement suicidaire !

Si le discours en faveur du revenu inconditionnel a aujourd’hui un tel succès c’est qu’aucune force politique ne nous considère plus a priori comme des êtres capables politiquement et économiquement. Nous ne devons plus remettre en cause frontalement les institutions qui nous exploitent, nous broient, dévastent nos milieux naturels. Nous devons nous y soumettre. Car le revenu de base est totalement dépendant du capitalisme. Sans croissance de la valeur économique, il est impossible de le financer puisque celle-ci est sa base fiscale. Il faut donc que les millions d’entre-nous qui n’accepteront pas de se contenter d’un revenu de base bossent pour produire de la valeur économique. Alors seulement celle-ci pourra être taxée et payera ceux qui auront été incapables ou qui n’auront pas voulu être des « travailleurs productifs ». Ironie de l’histoire : si nous nous contentions d’un revenu universel, refusions massivement de produire de la valeur économique capitaliste, celui-ci ne pourrait plus être financé !

Une fois dégonflé l’emphase du discours, le revenu universel mobilise donc à la fois l’imaginaire d’une société rentière (l’existence de droits de tirage sur le travail d’autrui grâce à un « dividende social ») et celui du secours aux pauvres (donner un bout de pain à tous les incapables). Mais il le fait de façon très perverse puisque nous sommes tous considérés potentiellement comme des incapables économiques. Ne nous dit-on pas que, « bientôt », les robots vont « tous » nous mettre au chômage ? Et bien s’il en était ainsi5, cassons les robots dirait un individu épris de liberté ! « Vous êtes fous : soumettons-nous ! » dit le revenu de base dont les intellos prennent bien garde de dire qu’il ne s’agit pas « de remettre en cause l’automatisation mais de faire en sorte qu’elle profite à tous6 ».

Il vient de tout cela deux choses.

Le revenu de base est contre la décroissance

Le revenu de base n’a rien à voir avec la décroissance. Les liens entre revenu universel et écologie n’ont d’ailleurs rien d’évident. L’écologie politique ne nous pousse certainement pas à compter sur un revenu « tombé du ciel » (en fait de l’Etat). L’heure est plutôt à la critique de la puissance du capital industriel. Si nous nous passions des machines les plus destructrices écologiquement (et donc de leurs propriétaires), il nous faudrait au contraire accepter de travailler davantage, mais autrement, pour disposer d’un environnement naturel plus sain.

De toute façon, l’écologie peut aller se faire voir une fois qu’on a compris que toutes les institutions du capitalisme sont mobilisées pour financer le revenu universel. Celui de l’Alaska est financé par… les revenus boursiers tirés de l’exploitation pétrolière ! Les pseudo-dissidents écolos dotés de leur revenu de citoyenneté profiteront peut-être, grâce au travail d’autrui, de leur potager bio et de leur maison en paille. Ils échangeront sans doute des richesses grâce à quelques « monnaies locales »… Tant que des actionnaires n’auront pas décidé de construire dans leur voisinage proche une usine de traitement du lisier d’élevages industriels ou un forage d’exploration de gaz de schiste ! Décision sur laquelle, pas plus qu’auparavant, nous n’aurons prise démocratiquement. Le revenu de base nous rendrait libres ? Autant que des volailles dans un poulailler ouvert au premier renard qui passe !

Le revenu inconditionnel est une attaque libérale

S’il devenait réalité, le revenu inconditionnel détruirait la sécurité sociale. Les dirigeants de l’Etat finlandais envisagent de financer un revenu pour 700 euros par mois en contrepartie de… la suppression des prestations sociales ! En France, le député F. Lefebvre (LR) défend un revenu universel grâce auquel « l’ensemble des aides au logement, au chômage, aux études ou les pensions de retraite seront supprimées. » Pourquoi l’objectif prioritaire des classes dirigeantes est-il aujourd’hui la destruction de la sécurité sociale. ? Parce que celle-ci, née dans les rangs du syndicalisme révolutionnaire, a un vrai potentiel anticapitaliste. Le revenu de base est le candidat idéal pour la détruire avec le sourire et les meilleures intentions en bandoulière. Après s’être « félicité » que les députés s’intéressent au revenu universel (tu m’étonnes !), le Mouvement Français pour un Revenu de Base s’est quand même alarmé que les chômeurs et retraités verraient leurs conditions de vie se dégrader terriblement… Or dans le même communiqué le MFRB « ne se prononce pas sur l’avenir à long terme des assurances collectives »7 ! S’il ne « ne se prononce pas » pourquoi serait-il contre leur destruction ? Faudrait savoir ! Sur son site même se trouve une proposition en tous points similaire à celle de l’Etat finlandais et de F. Lefebvre : celle défendue par l’ultra capitaliste J. Marseille. Pour le MFRB, celle-ci « n’est pas forcément ressentie comme légitime et peut en tout cas difficilement être applicable dans l’immédiat.8 » J’en déduis donc qu’elle pourrait être appliquée plus tard. Une fois que la sécu aurait été détruite. Curieux n’est-ce pas pour des gens qui « ne se prononcent » pas sur son avenir à long terme…

Voilà à quoi sert la manipulation par les classes dirigeantes du discours favorable au revenu de base, et de tous ceux qui la ressassent après avoir mis leur cerveau au congélateur. La casse des institutions ayant un réel contenu anticapitaliste sur lesquelles nous pourrions nous appuyer pour combattre la domination présente. Mais qui le souhaite encore ? Apparemment plus grand monde… Le revenu de base prospère sur la soumission généralisée.

Dominique Lachosme

Fachos, libéraux, socialistes, anars : même combat !

Profitant de l’appel d’air créé par le député Lefebvre, huit « personnalités » (dont l’inénarrable « anti utilitariste » Alain Caillé et trois ultralibéraux) ont publié dans la presse à euros (Libération) une tribune « Pour un revenu universel inconditionnel » (12 novembre 2015). On y apprend que tout le monde est pour le revenu de base : des « socialistes » (comme le… libéral Thomas Paine !) en passant par les libéraux comme Milton Friedman (c’est vrai) aux « libertaires » (grâce à Michel Foucault qui est autant « libertaire » que je suis pape). Curieusement l’extrême-droite est négligée par nos champions du consensus. Le Front national, avec son cercle « Idées Nation », travaille pourtant sur ce sujet depuis au moins la fin des années 1990. Tous-ensemble-ouais : des fachos aux anars ! Toute possibilité d’assumer un conflit politique ouvert, argumenté, est niée. Si vous êtes contre le revenu de base c’est que vous êtes un salaud (« vous ne voulez pas lutter contre la pauvreté ? ») ou un idiot (« vous faites erreur en croyant être contre alors que vous êtes pour ! »).

Dotation Inconditionnelle d’Humiliation

Le pire dans le revenu inconditionnel est à rechercher dans les rangs de certains écolos, lesquels souhaitent – via une « Dotation Inconditionnelle d’Autonomie » – payer un revenu de base en partie en nature : accès gratuit à l’eau, au chauffage, au transport, etc. Alors les « pauvres » n’auront même plus le choix ! Que certains puissent préférer acheter des livres et se passer de chauffage par exemple ne semble pas effleurer ces bons esprits conviviaux et égalitaires qui choisissent à leur place. Avec ces écolos-là, l’humiliation est complète.

Ariès en roue libre

« revenu universel […] salaire socialisé, dividende social, peu importe finalement le terme. L’essentiel c’est […] qu’il ne s’agit pas d’être moins disant socialement (sic) mais mieux disant… » Paul Ariès (Préface de Manifeste pour une DIA, Utopia, 2013) Deux phrases, trois âneries ! 1) Utiliser les mots « salaire » et « dividende » n’est certainement pas sans importance. 2) Précisément, le revenu universel est l’ennemi du salaire socialisé. 3) Il est vachement « mieux disant socialement » puisqu’il ambitionne de casser la sécurité sociale ! Mon Dieu, gardez moi des mes amis…

le revenu de base valse avec ATTAC

Les partisans « anti capitalistes » sincères du revenu de base sont les victimes du virus dit de « l’effondrement intellectuel » dont la souche originelle a pu être localisée au sein de l’association ATTAC au milieu des années 1990. Rappelons que cette association aujourd’hui heureusement groupusculaire défendait une taxe sur des transactions financières afin de lutter à la fois contre la spéculation et financer le « développement économique ». C’était évidemment complètement idiot : soit la taxe réduisait la spéculation et elle ne rapportait rien du tout ; soit elle rapportait du pognon et elle ne luttait en rien contre la spéculation. Le revenu de base repose sur la même contradiction. Soit il peut être financé et pour cela il faut que les institutions du capitalisme fonctionnent à plein régime ; soit il les subvertit et il ne peut plus être financé puisque son assiette fiscale fond comme neige au soleil ! On arrête les bêtises et on réfléchit ?

1Ou revenu universel ou minimum ou social garanti ou d’existence etc. A la différence des ressources naturelles de la planète, l’imagination rhétorique libérale est sans limite.

2Pour l’instant les animaux domestiques ne sont pas concernés. Scandale ! N’existent-ils pas eux aussi ? N’ont-ils pas des besoins socialisés (les croquette du chat) ? Vite un revenu de base pour les canaris et les hamsters ! (Je ne cite pas les chiens car Raoul Envélaut n’aime pas.)

3Dans la plupart des scénarios, le revenu de base ne se cumule qu’avec des revenus monétaires très faibles.

4Faut-il préciser que par « socialistes » j’entends les différents courants du mouvement salarial révolutionnaire (sociaux-démocrates, communistes et libertaires) et non le parti socialiste actuel ?

5En attendant le taux d’emploi n’a jamais été aussi élevé dans ce pays ! (Et donc, aussi, le taux d’exploitation.)

6J.E. Hyafil, Le Monde, 7 novembre 2014

7Pour le MFRB, la sécu c’est donc des « assurances collectives ». Ces gens très modernes se croient encore dans les années 1930 au temps des « assurances sociales » !

8http://revenudebase.info/comprendre-le-revenu-de-base/financement/#solutionc. Je souligne.

 

 

vendredi 11 décembre 2015

Pourquoi le revenu de base, c’est de la merde (néolibérale)

Chais pas. Dans la vie, je suppose qu’il faut des gens qui expliquent que le père Noël n’existe pas, que l’amour est une construction sociale, et que nous sommes dans un monde glacé et hostile dirigé par des fous hurlants et que de toutes façons nous sommes promis au néant et à l’oubli. Et en attendant on écoute Taylor Swift pour tenter désespérément d’oublier cette tragédie, ou quelque chose comme ça. Ça c’est un peu mon rôle en fait. Le mec pas festif. Et tiens là j’en voit qui s’excitent sur la Finlande qui projette de verser 800 boules par mois comme ça gratos sans travailler et tout, et que ça y est on comprend enfin que le salariat n’est pas la solution et que c’est l’utopie et blablabla et ben sauf que non : le revenu de base, c’est de la grosse merde néolibérale et CSP va t’expliquer pourquoi.

 

 

Ce n’est pourtant pas la première qu’on veut nous faire prendre des vessies libérales pour des lanternes libertaires, le premier exemple me venant à l’esprit étant celui entre tellement d’autres des personnes se prétendant « libres » (ah ah ah) de se prostituer. C’est joli, libre, liberté, toussa. C’est émancipateur, on est pas aliéné dans un rapport de force ici d’une extrême violence, on est libre de choisir ce qu’on veut, y compris sucer des gros dégueulasses pour 40€. La fête, quoi. Rien à voir du tout avec le fait objectif et constaté que toutes les personnes réclamant cette soi-disant liberté ont toutes un passif de violences et d’agressions sexuelles mais les déterminismes et les contingences c’est petit bourgeois, pas vrai ? Génie du capitalisme de pouvoir trouver des moyens de conforter son idéologie jusque dans les drames intimes et y compris parmi les victimes de ces drames. (Par ailleurs et pour enfoncer encore plus le clou, cette histoire de « liberté de se prostituer » est pour moi un no go intellectuel immédiat. Un peu comme quand quelqu’un vous parle des chemtrails : peu importe que ce que la personne a dit avant d’intelligent et de pertinent, le simple fait de croire à pareille fadaise jette une ombre permanente sur tout le discours qui suivra. Ben oui).

 

 

Mais revenons à ce revenu de base que nos amis mangeurs de rennes (ouais ta gueule, je sais qu’ils ne mangent pas de rennes, c’est manière de faire de l’humour, un peu comme quand on dit que les chinois mangent des chiens et euh non laisse tomber exemple de merde, on oublie), bref, qui donc, vont filer 800€, à tout le monde, n’importe qui, gratos, sans avoir besoin de travailler. Là comme ça on se dit : plutôt cool, c’est plus élevé que le RSA français, ça permettra par exemple à des étudiants de s’en sortir sans faire des jobs à côté qui mettront leurs études en balances, et à des retraités de ne pas se nourrir de pâtée pour chiens. On pense tout de suite à un progrès, spontanément. Sauf qu’il y a juste un bout de phrase, juste quelques mots, dans l’article linké plus haut qui fait tiquer le progressiste sourcilleux.

« En contrepartie, toutes les prestations sociales seront supprimées. »

Ah.

Fichtre.

Oups.

Donc attendez : 800€ immédiatement et inconditionnellement, ok, très bien, mais et avec un gros MAIS : tout le reste passe à la trappe. C’est quoi d’ailleurs, le reste ? Consultons les documents officiels sur ce qu’est la politique sociale en Finlande, où l’on voit qu’elle n’est pas très différente de la France, il y a des aides au logement, des aides à la formation, etc. Dont quand « toutes les prestations sociales seront supprimées », ça veut dire que celles là aussi…

Concrètement ? Tu as 800€ par mois, très bien, mais plus d’APL.

Ah oui tout de suite ça calme hein ?

En fait c’est même très très simple : tu as 800€ par mois et plus du tout rien d’autre. Ce qui signifie que toutes les autres prestations qui peuvent aider à sortir la tête de l’eau, chez nous la CAF entre autres, passent à la trappe. Et d’un coup c’est vachement moins l’utopie, c’est vachement moins progressiste et pour cause : le revenu de base c’est les libéraux qui en parlent le mieux :

 

« Pour certains de ses promoteurs, cela permettrait aussi de considérablement flexibiliser le fonctionnement de l’économie; il deviendrait par exemple possible de libéraliser le fonctionnement du marché du travail, de réduire le montant du salaire minimum, supprimer de nombreuses régulations dommageables à l’emploi, de supprimer la distinction activité et retraite »

 

J’aime beaucoup le « supprimer de nombreuses régulations dommageables à l’emploi », qui est une manière tellement élégante de dire « on va te virer quand on veut, vil salarié », et aussi la promesse enchanteresse d’exercer une pression à la baisse sur le salaire minimum en forme de « eh ho si t’es pas content tu vas au revenu de base hein ». Quant à « supprimer la distinction activité et retraite » oui ça veut bien dire ce que ça veut dire : tu travailles jusqu’à ce que mort s’ensuive.

L’idée de ce revenu de base n’a rien de progressiste ou d’utopiste. Ou plutôt si : c’est une utopie néolibérale qui prend un détour pour casser la solidarité des prestations sociales (le RDB sera financé par un impôt sur le capital : si le capital décide d’arrêter de payer l’impôt, ce qu’il peut faire du jour au lendemain sans prévenir ni justifier, fini le RDB), qui dit in fine : on te donne tant par mois en échange de rien, mais tu n’as plus rien d’autre et tu te démerde, individu rationnel et responsable que tu es. Et bonne chance, on espère que tu ne vas pas tomber gravement malade parce que sinon ah ah ah tu vas bien être dans la merde.

 

Oui c’est clairement une arnaque.

 

Une arnaque profitable qui plus est : un calcul à la louche basé sur le document de la politique sociale finlandaise permet de voir que les dépenses sociales passeraient de 37% du PIB à 17% : vous voyez l’entourloupe, maintenant ? Ce n’est pas pour faire de la politique sociale, et pour faire des économies drastiques. En emballant ça sous un emballage rose bonbon avec un joli noeud autour.

Sauf que le noeud au final, ben c’est toi, avec tes 800€ sans aides au logements, sans sécu, sans droits à rien.

Tavu, ils sont forts ces libéraux.

 

Alors je comprends bien qu’on a besoin de bonnes nouvelles en ce moment et que la lecture de cet humble billet risque de causer du chagrin, ben oui. Mais tout de même. C’est aussi à vous de vous méfier de ce qu’on vous raconte aussi. Parce que de toutes façons, il faut toujours garder à l’esprit un axiome de base :

Rien de ce que décident les capitalistes n’est bon pour toi. Même si de prime abord ça a l’air sympa.

Surtout, si ça a l’air sympa.

 

(Et merci à Gouen pour les précisions techniques)