J’ai noté qu’il y a peu d’inscrits pour le moment dans le cadre du week end de la CEN.
Je pense que c’est un peu dommage et souhaiterais partager quelques informations sur ce que certains pourraient manquer.Après plus de 10 ans d’expérience dans des groupes dénués de hiérarchie statique, une expérience d’écriture de constitution citoyenne sur l’ensemble de la Tunisie avec un rassemblement des plus grosses structures de la société civile, des tenues d’assemblées populaires dans des contextes variés dont certains très difficiles, des échanges très précieux avec des expériences issues du monde entier notamment dans le cadre de Globalsquare qui réunissait les révolutionnaires tunisiens, des membres initiateurs du mouvement du 15M en Espagne (les indignés), Occupy, etc. Je dispose d’un savoir qui, je pense, est assez unique en France.
Pour vous donner une très vague idée, suite à ma facilitation d’assemblée lors du rassemblement des Jours Heureux le 8 Mai à Lyon, hormis la classique satisfaction générale, on m’a demandé de venir former les gens sur Paris. Cette demande m’est venue de quelqu’un qui était lui même facilitateur d’assemblée depuis plusieurs années (dans réelle démocratie, NuitDebout, Colibri, etc.)
1) Concernant la gestion de groupe
En petits groupes, le processus sociocratique de tenue de réunion reste relativement efficace, bien qu’il faille souvent le rendre un peu plus malléable. Il est surtout simple d’accès pour un début dans ce type de fonctionnements dénués de hiérarchie statique.
Il se déroule ainsi :
– Un tour d’ouverture : où l’on exprime son ressenti présent et ses attentes pour la réunion. Le ressenti sert à mieux nous comprendre les uns les autres lors de nos réactions et à connaitre le niveau d’énergie, les attentes peuvent servir à mettre en place ou améliorer l’ordre du jour ou l’agenda afin de ne pas créer de frustrations.
– Tour de validation de l’agenda : On propose un agenda ou ordre du jour, puis on receuille rapidement les réactions / objections afin de l’améliorer. L’ordre du jour doit au minimum avec un timing sur chaque point. Il est intéressant de notifier ce qui est de l’ordre du point info, du brainstorming, de la prise de décision, plutot exécutif…
– Traitement des points de l’agenda : on traite les points un à un.
– Tour de cloture : Comment s’est passée la réunion, comment aurait elle pu mieux se passer.
Au delà de ce processus, il y a également la gestion des rôles (facilitateur, rédacteur, …), la gestion de la prise de parole (faire un tour dans le sens des aiguille d’une montre semble un peu bête non ? Existe t’il de meilleures méthodes plus justes et en même temps équitables?), et évidemment les différents processus employés pour accomplir la tâche en cours (par exemple, quel processus de mise en place de proposition ? de prise de décision?)
Bien que cette limite elle même est au final culturelle et issue de l’individualisme politique.
2) Concernant l’organisation interne de la Cen
Organiser une structure sous une forme horizontale n’est évidemment pas une mince affaire. C’est d’ailleurs à mon sens la principale limite qui nous empêche de sortir du système pyramidal capitaliste. Car si l’on avait une alternative horizontale systémique efficace, ne devrait elle pas faire modèle ?
Nous allons toujours tâcher de tendre vers un maximum d’horizontalité, comme un idéal à atteindre, à l’image du concept de liberté : la liberté totale ne pourrait s’acquérir qu’au travers d’une synergie totale avec l’autre ou son environnement.
Mais il reste à définir l’horizontalité !
Ces caractéristiques qui tâchent de mieux conceptualiser l’horizontalité sont également issues de mes propres travaux et de l’intelligence collective déployée dans les groupes auxquels j’ai pu participer.
C’est un idéal une fois de plus, et l’intérêt pour nous sera sans doute de déjà rendre explicite ce qui est tacite et de nous servir des besoins présents pour établir des fonctionnements afin d’y répondre tout en mettant en place un cadre évolutif afin d’être dans une posture d’évolution permanente.
3) Concernant la démocratie directe locale et la démocratie horizontale
Le premier outil pour pouvoir prendre les municipales, à mes yeux, c’est l’assemblée populaire horizontale.
C’est un outil très mal employé en France où il y a un peu de retard à mes yeux (dans le sens où les assemblées du 15M en Espagne se passent mieux que celles de Nuit Debout !)
La méthode de tenue d’assemblée horizontale que je propose se sert de la pratique de la palabre africaine : une assemblée vivante qui change de forme en fonction du moment, des petits groupes à l’assemblée plus classique. Mais aussi beaucoup de processus différents tant en termes de tenue que de prise de décision, etc.
Présenter ce que pourrait être une démocratie horizontale à l’échelle d’un pays me semble être difficile car nous aurons au final assez peu de temps pour un tel concept, mais il sera possible d’en donner des bases et une idées.
Enfin et ce qui m’enthousiasme particulièrement est l’atelier stratégique autour des municipales de 2020, car c’est un enjeu de taille pour lequel la belle démocratie a déjà démarré un travail encourageant et j’espère que nous serons nombreux à agir dans ce sens.
J’espère avoir pu donner un aperçu pertinent des apports que je peux partager, mais au final chaque moment passé ensembles sera très participatif et c’est chacun qui pourra co-créer cet événement, je suis curieux de vous rencontrer et découvrir vos propres expériences.
Bien à vous,
Rami Brahem.