O LAC
Dans ta cuvette si bien finie
la décivilisation de l’argent infini
pousse vers tes rivages
peu à peu comme un saccage
Ô Zélés Zélus de la gouvernance déléguée
hantés par le spectre de l’attractivité
voici venu le temps de s’affliger
de la submersion touristique et mercantile
du mitage, du lotissement stérile
des sols béton et des forêts mises à nu
Vous qui les autorisez de grâce annulez tous vos PLU !
Vous si nombreux à changer d’avis
au lieu de changer la vie
associez enfin à la décision le peuple de vos « administrés »,
afin que renaissent biens communs et biodiversité,
qu’artisans, maraîchers et paysans
nourrissent en direct la cantine bio de nos enfants
Ô investisseurs immobiliers d’ailleurs et « d’ici »
agrippés aux basques du lac et du profit
fauteurs de sècheresses et de canicules
allez loger ailleurs le béton et le bitume
laissez ici comme ailleurs de l’espace aux légumes
Foin de l’empire généralisé du lac payant
De sa préemption par la bourgeoisie et ses marchands
Que demeure ce musée de plein air et gratuit
flores, faunes, sauvageries, eaux turquoises si jolies
prairies, du moins celles non encore bétonnées
qui des anciens et des enfants apaisent les soucis
Que s’insurgent les habitants les moins friqués
pour le TER de haute lutte à maintenir cadencé
pour la régie publique alimentaires et d’énergie
pour sauver les bois saccagés
pour des HLM bois paille à petits loyers et jardins fleuris
et foin de la cathédrale du coin en béton abhorrée,
pour goûter l’ombre et le frais que vivent les places arborées
La puissance privée de l’argent léthal
mène l’humanité vers sa fin finale
Unie dans sa biodiversité
l’obstinée et durable colère populaire
peut surmonter ces galères
Ô lac que l’astre au front d’argent
qui blanchit tes flots de ses molles clartés
de tes bords à tes bords répétés
voit reconstituée comme antan
l’union protectrice et métabolique
des humains maîtres de leur destinée
avec leur mère nature mélancolique
André DUNY
Avec l’aide de Lamartine