Habiter solidaire – Saint Antoine l’Abbaye (38) – 1er/2 novembre 2013

Visite éco-hameau

Vendredi  1er novembre 2013

Genèse de l’éco-hameau

Pascal Caradec nous fait visiter l’éco-hameau, un lotissement de 12 maisons en éco-construction (auto-construction, auto-construction assistée, construction industrielle).

Le projet voit le jour en 2009, lorsque Cyrille nourrit l’idée d’acheter un terrain à plusieurs pour y construire un lotissement. L’équipe de départ s’étant peu à peu réduite à une seule famille, des réunions publiques avec des familles inconnues ont dû être organisées afin de trouver des participants.

Le terrain a été obtenu à un prix très avantageux, notamment en raison de sa nature peu propice à une exploitation agricole.

Les contraintes de l’achat en indivision ont conduit les concernés à opter ultérieurement pour le statut en ASL, plus sécurisé en cas de désistement d’une partie.

Les 6 premiers participants ont acheté la partie du haut pour un projet d’habitat écologique groupé. Ils sont partis sur de petites parcelles privatives, un jardin partagé et une place commune.

Au départ, les intérêts étaient partagés :

  • Mutualiser les coûts
  • Favoriser le transgénérationnel et l’entraide
  • Diminuer notre empreinte écologique

Au fil du temps, les divergences de conception autour de l’ « éco »-construction apparaissent (chantiers industriels, normes BBC …)

Dès le départ, de nombreux obstacles se sont dressés, notamment administratifs : P.LU contraignant, (site classé,  lotissement..), gestion (indivision), etc.

Des compromis doivent être concédés entre obligations et choix perso, et l’idéal d’espace de liberté initial se retrouve plutôt limité.

Par exemple,  en VRD (voirie et réseaux divers), les gaines électriques en pvc sont imposées.

L’idée d’une chaufferie centrale a été abandonnée car trop énergivore. Par ailleurs, les maisons consomment si peu d’énergie qu’un chauffage collectif n’est pas nécessaire.

Le projet commun a donc vite été rattrapé par la règlementation (responsabilité du groupe vis-à-vis de l’extérieur, dangers potentiels etc.)

Le lotissement bénéficie d’une récupération collective des eaux (près des jardins partagés), mais chacun a la liberté de choisir ses sources d’énergie (systèmes collectifs lorsque budgets individuels différents).

Les différents types de construction (auto-construction ou industrielle) n’ont pas permis de mutualisation de travaux.

Une « maison commune » est née du souhait de mutualiser certains espaces comme :

  • buanderie
  • atelier bricolage
  • coop alimentaire
  • studio d’amis
  • salle de réunion (60m2)

Surface de la maison commune : 200m2

Coût de la maison commune : 120 000€

 

Visites

Maison construite par Pascal :

Durée conception (concertation propriétaire, architecte, conducteur de travaux) : 6 mois

Durée construction : 1 an (auto-construction assistée, 4 jours par semaine)

Prix au m2 : 750€ (auto-construction assistée)

Matériaux : paille, terre, bois (très peu de matériaux industrialisés)

Installation sanitaire (eau chaude) complète en auto-construction (récup panneaux solaires) : environ 1000€

Méthode Pascal :

Fondations en béton cyclopéen (fait soi-même)

mélange GREB (chaux+ciment+sable+sciure) à la base des murs (empêche les remontées capillaires)

drains autour de la maison

murs perspirants terre + paille

Enduit terre est très résistant (contrairement à d’autres enduits)

Mode de chauffage : un poêle à bois

 

Maison d’Isa et Steph, 3 enfants, auto-construction (encore en chantier) : ossature bois, barbotine (mélange eau + ciment), terrasse sur pilotis

 

Maison de Karine et Cyrille, 3 enfants, auto-construction : terre + paille, angles murs en pizet (peu isolant mais forte inertie), murs terre/paille colorés à la chaux pigmentée, sol isolé avec 4cm de mélange GREB + recouvrant (carrelage, parquet, cire…), poêle de masse : chauffage, eau chaude et cuisson l’hiver, panneaux solaires : eau chaude l’été

Durée de construction 2 ans et demi

Coût terrain viabilisé: 40€/m2 (300m2 privatif, 800m2 commun)

Coût maison : 875€/m2

 

Jean-Roch et Florian, propriétaires, nous guident dans la 2ème partie du hameau.

Ici, l’objectif commun initial était de construire ensemble en privilégiant l’entraide (« socio-hameau »).

Les obstacles rencontrés lors de la concrétisation se situent autour de l’organisation de nombreuses rencontres pour choisir les habitants,  puis des nombreux désistements parmi les volontaires.

La localisation du hameau, éloigné des principaux bassins d’emploi (Grenoble, St Marcellin, Tullins, St Etienne de Jouarre) pose aussi problème.

Deux des 6 maisons sont en auto-construction, dont une en bois + barbotine + pilotis.

Gabrielle et Jean-Roch, ainsi qu’Anne-Claire et Florian, ont eu recours à une construction industrielle pour la structure et l’isolation (hors d’eau, hors d’air) en AGEPAN ou fibre de bois.

Pour eux, le chantier de viabilisation a débuté en 2012, de construction au printemps 2013

Coût du terrain privatif : 70 000€

Coût des deux maisons : 200 000€ pour 145m2, 160 000€ pour 130m2

Pour les deux familles, les sources d’énergie restent l’électricité pour l’eau chaude et le gaz en bouteille pour cuisiner. Pour le chauffage, les uns ont prévu un petit poêle, les autres, un poêle de masse.

 

Samedi 2 novembre 2013

Discussion : trouver des solutions écologiques à la précarité.

En France, 11 millions de personnes ont des revenus inférieurs à 964 euros.

Près de 30% de jeunes de moins de 25 ans sont sans emploi.

Action CEN : planter aux pieds des HLM

Par exemple à Grenoble, création d’un potager en partenariat avec la Maison des Habitants et DRAC nature.

Objectif : autonomie communale > les habitants gèrent leur commune

Exemple de Porto Alegre, où les habitants déterminent les priorités.

Mobiliser les gens pour des solutions de logement. Exemple des Compagnons Bâtisseurs : créer de l’emploi stable (formation qualifiante) dans l’isolation écologique.

L’argent de la commune doit aller prioritairement au logement : isolation des HLM, jardins partagés, etc.

Exemple d’une coopérative d’habitants à Limans, près de Forcalquier (Alpes de Haute Provence, 04), qui se sont associés pour monter un immeuble de 3 étages en éco-construction pour un coût total de 550 000€.

Comment trouver des crédits ? Auprès de communes : choisir les bons élus. Exemple de Jean Serret, maire de Eurre et président de la Biovallée.

Proposition de la CEN : sensibiliser les élus aux alternatives en matière de logement et d’énergie, en les invitant à une soirée film/discussion en présence des initiateurs de projets.

 

Intervention du directeur du centre social de Tournon

Lors de l’étape à Tournon de la Marche contre la Pauvreté, un débat public avec les marcheurs sur la question de l’accès au logement a fait émerger un collectif qui s’est demandé comment faciliter l’accès au logement des personnes en précarité.

Il s’agissait en priorité de travailler sur les logements vacants, puis d’envisager la solution de l’auto-construction bon marché et écologique.

En juillet 2011, une structure-test de 24m2 en ossature bois a été érigée sur la place Jean Jaurès à Tournon en 2 jours par 2 techniciens accompagnés de 6 résidents du Centre d’Hébergement d’Urgence, pour un coût total de 5 800€ (hors d’eau/hors d’air).

En collaboration avec Energie Ardèche, le coût a été estimé à 12 500€ pour 24m2, soit 500€ le m2 (installation chauffage/chauffe-eau comprise).

Le regroupement des logements permet de réduire les coûts de fonctionnement.

A présent, il est prévu, dès l’été 2014, la construction de 5 logements pour personnes en précarité économique (bénéficiaires de minima sociaux), sous forme d’un petit immeuble sur deux niveaux, accolé d’un bâtiment contigu abritant les lieux communs : buanderie, jardin, salle à manger…

Coût estimé de l’ensemble : 125 000€

La situation de Tournon en zone inondable impose certaines contraintes, comme celle du choix des matériaux, qui ne doivent pas craindre l’eau.

Le choix du terrain n’a donc pas été arrêté et reste encore ouvert.

En ce qui concerne le financement, plusieurs demandes sont en attente à ce jour :

Région, Caisse d’Epargne, NEF, Communauté de Communes etc. Seule la Fondation de France soutien d’ores et déjà le projet en finançant le recours aux consultants.

Quant à la structure juridique du projet, deux solutions sont envisagées :

-trouver une association type Emmaüs qui ait un agrément pour faire de l’habitat social (Fondation Abbé Pierre, Cellule Habitat…), ce qui ouvrirait le droit à des aides de l’Etat à hauteur de 8 500€ par personne et donnerait accès à des prêts bancaires avantageux.

 

Pour conclure, André émet l’hypothèse d’une résilience collective au travers de la combinaison d’un logement densifié et d’une activité de production agricole, vivrière (économie endogène), sur un terrain à plus de 60km d’une centrale nucléaire.

L’ouvrage de Piero San Giorgio « Survivre à l’effondrement économique » est cité en référence.