A l’aube d’un cataclysme monétaire et financier.
Par Michel Santi
C’est l’abondance des liquidités qui a propulsé les marchés financiers et l’ensemble des actifs depuis 2009.
Cette gigantesque reflation, orchestrée à coups de 10 à 12 trillions de dollars injectés dans le système, a été la source principale ayant autorisé une euphorie globale puisque 80% de la hausse des marchés boursiers depuis 2009 est redevable aux baisses de taux quantitatives des banques centrales.
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décembre 18, 2015 par LHK blog de Liliane Held Khawam
A l’aube d’un cataclysme monétaire et financier
Par Michel Santi.
C’est l’abondance des liquidités qui a propulsé les marchés financiers et l’ensemble des actifs depuis 2009.
Cette gigantesque reflation, orchestrée à coups de 10 à 12 trillions de dollars injectés dans le système, a été la source principale ayant autorisé une euphorie globale puisque 80% de la hausse des marchés boursiers depuis 2009 est redevable aux baisses de taux quantitatives des banques centrales.
Il serait nécessaire aujourd’hui de créer 200 à 250 milliards de dollars par trimestre dans le seul but de maintenir les valorisations à leur niveau actuel.
Las, en cette fin d’année 2015, le monde entre dans une phase de politiques monétaires asynchrones au potentiel de déstabilisation dévastateur du fait de cycles divergents entre les principales puissances économiques et financières du monde.
Dans un tel contexte, c’est une lourde erreur que de croire que la Réserve fédérale US -qui injectait 1 trillion de nouveaux dollars dans le système par an- pourrait simplement être remplacée par la Banque Centrale Européenne et par la Banque du Japon, qui prendraient en quelque sorte le relais de cette création monétaire.
En réalité, la source principale du cataclysme à venir est ailleurs. En effet, contrairement à la Fed, la BCE comme la Banque du Japon ou la Banque Populaire de Chine n’ont pas la faculté d’imprimer des dollars, monnaie pourvoyeuse de liquidités pour l’ensemble du système irriguant l’économie universelle.
Le billet vert n’est donc pas seulement la monnaie de réserve la plus importante au monde. Car les marchés obligataires américains -de l’ordre de 60 trillions de $-sont aussi les plus volumineux du globe, et dépassent en importance les marchés de la dette européenne et japonaise combinés.
En outre, le rôle du billet vert n’est pas fondamental uniquement du point de vue de la multitude de devises émergentes qui y sont indexées. La situation est encore plus délicate, voire pire, car la hausse des taux d’intérêt US se répercutera sous forme de séisme sur le marché de la dette de ces pays, également libellée en dollars.
La Banque des Règlements Internationaux a ainsi calculé que l’ensemble des engagements non américains (hors système financier) se montait à plus de 9 trillions de dollars à fin 2014, en augmentation de 50% depuis 2009!
Difficultés et retards de paiement ne seront donc que le moindre mal enduré par les émergents qui subissent en outre aujourd’hui de plein fouet l’effondrement des matières premières, ayant pour conséquence directe de réduire davantage leurs revenus, et donc leur capacité de régler leurs dettes.
En fait, cette déroute des prix des denrées alimentaires, des tarifs pétroliers et des prix des «commodities» induit à son tour un cercle vicieux de réduction de la liquidité dollars qui a été un chaînon vital du financement global ayant propulsé les valorisations des actifs.
Cette chute substantielle des prix de l’énergie réduit la masse des pétrodollars en circulation qui se traduira immanquablement en une liquidation et en une vente forcées des investissements à l’étranger des producteurs de matières énergétiques, et un effet final négatif sur les économies européenne et américaine.
On comprend mieux, dès lors, l’impact destructeur de toute hausse de taux US, de toute remontée substantielle du billet vert, bref de la raréfaction programmée de la liquidité exprimée en cette monnaie sur l’ensemble des engagements et des endettements des pays émergents.
Notre monde -habitué au robinet des liquidités généreusement prodiguées par les américains- est donc à la croisée des chemins.
Les secousses générées par le relèvement des taux d’intérêt US se ressentiront à travers les marchés monétaires et, ce, à l’échelle mondiale.
Le spectre de déstabilisation financière mondiale se profile.
Michel Santi