DEMOCRATIE (directe) HORIZONTALE : FORMATION 3/4 juin à Mirabel (26), présentation Par Rami Brahem

J’ai noté qu’il y a peu d’inscrits pour le moment dans le cadre du week end de la CEN.
Je pense que c’est un peu dommage et souhaiterais partager quelques informations sur ce que certains pourraient manquer.

Après plus de 10 ans d’expérience dans des groupes dénués de hiérarchie statique, une expérience d’écriture de constitution citoyenne sur l’ensemble de la Tunisie avec un rassemblement des plus grosses structures de la société civile, des tenues d’assemblées populaires dans des contextes variés dont certains très difficiles, des échanges très précieux avec des expériences issues du monde entier notamment dans le cadre de Globalsquare qui réunissait les révolutionnaires tunisiens, des membres initiateurs du mouvement du 15M en Espagne (les indignés), Occupy, etc. Je dispose d’un savoir qui, je pense, est assez unique en France.

Pour vous donner une très vague idée, suite à ma facilitation d’assemblée lors du rassemblement des Jours Heureux le 8 Mai à Lyon, hormis la classique satisfaction générale, on m’a demandé de venir former les gens sur Paris. Cette demande m’est venue de quelqu’un qui était lui même facilitateur d’assemblée depuis plusieurs années (dans réelle démocratie, NuitDebout, Colibri, etc.)

Au delà, mes travaux vont beaucoup plus loin que les prises de décision sociocratiques (pour ceux qui connaissent) ou l’exemple de Saillans qui est certe un très bon exemple et un axe stratégique que je trouve excellent ( la libération du pouvoir par le local et notamment les municipales)  mais qui peut aller beaucoup plus loin en terme de modèle d’organisation horizontale pour le 21ème siècle.
J’ai rencontré André lors des expériences politiques à Lyon et j’ai beaucoup sympathisé et c’est ce qui m’a poussé à accepter de participer à ce week-end malgré un emploi du temps extrêmement chargé.
J’ai également accepté ce déplacement « pour la cause » quel que soit le retour financier (car il faut bien vivre !), bien que l’on me propose déjà des prix assez élevés pour mes formations, en particulier durant cette période ou l’entreprise a besoin de casser la hiérarchie pour vivre avec son temps et où l’offre « concurrente » dans des formations de ce type se limitent généralement à 2/3 outils de « déploiement de l’intelligence collective » types :
6 chapeaux de bono, rêve du dragon ou cercle restauratifs, forum ouverts, world café & cie et/ou de la sociocratie.
Ce qui vous est proposé durant ce week-end, mais qui peut tout à fait être adapté en fonction des attentes des présents est d’aller plus en profondeur dans ce qui permet la synergie..

1) Concernant la gestion de groupe

En petits groupes, le processus sociocratique de tenue de réunion reste relativement efficace, bien qu’il faille souvent le rendre un peu plus malléable. Il est surtout simple d’accès pour un début dans ce type de fonctionnements dénués de hiérarchie statique.

Il se déroule ainsi :

– Un tour d’ouverture : où l’on exprime son ressenti présent et ses attentes pour la réunion. Le ressenti sert à mieux nous comprendre les uns les autres lors de nos réactions et à connaitre le niveau d’énergie, les attentes peuvent servir à mettre en place ou améliorer l’ordre du jour ou l’agenda afin de ne pas créer de frustrations.

– Tour de validation de l’agenda : On propose un agenda ou ordre du jour, puis on receuille rapidement les réactions / objections afin de l’améliorer. L’ordre du jour doit au minimum avec un timing sur chaque point. Il est intéressant de notifier ce qui est de l’ordre du point info, du brainstorming, de la prise de décision, plutot exécutif…

– Traitement des points de l’agenda : on traite les points un à un.

– Tour de cloture : Comment s’est passée la réunion, comment aurait elle pu mieux se passer.

Au delà de ce processus, il y a également la gestion des rôles (facilitateur, rédacteur, …), la gestion de la prise de parole (faire un tour dans le sens des aiguille d’une montre semble un peu bête non ? Existe t’il de meilleures méthodes plus justes et en même temps équitables?), et évidemment les différents processus employés pour accomplir la tâche en cours (par exemple, quel processus de mise en place de proposition ? de prise de décision?)

Sur la question du processus de prise de décision, je recommande un processus au consensus apparent issu de mes propres expériences, bien que je maitrise également les processus sociocratiques et un certain nombre d’autres process. La limite de ce processus est le besoin de disposer, en amont, d’une intention commune (Difficile d’obtenir un consensus sur un système monétaire pour le pays avec un banquier lorsque l’intention de l’un est d’avoir un système d’échange équitable et que celle de l’autre est de faire gagner de l’argent à sa boîte privée).
Bien que cette limite elle même est au final culturelle et issue de l’individualisme politique.

2) Concernant l’organisation interne de la Cen

Organiser une structure sous une forme horizontale n’est évidemment pas une mince affaire. C’est d’ailleurs à mon sens la principale limite qui nous empêche de sortir du système pyramidal capitaliste. Car si l’on avait une alternative horizontale systémique efficace, ne devrait elle pas faire modèle ?

Mes travaux présentent une alternative de ce type et nous tâchons de la mettre en application actuellement afin de prouver son efficacité et il est toujours intéressant de tâcher de la partager avec d’autres organisations déjà existantes, bien des paramètres tels que la culture de groupe (le cadre tacite), la proximité spatiale, la fluidité du partage de l’information, etc. jouent énormément en termes de limites.

Nous allons toujours tâcher de tendre vers un maximum d’horizontalité, comme un idéal à atteindre, à l’image du concept de liberté : la liberté totale ne pourrait  s’acquérir qu’au travers d’une synergie totale avec l’autre ou son environnement.

Mais il reste à définir l’horizontalité !

Je ne tâcherais pas de répondre à une telle question ici, ce serait trop long, mais me contenterais de donner quelques caractéristiques importantes :
l’holoptisme (une forme de transparence totale en temps réel avec une facilité d’accès à l’information),
une architecture vivante (leader du moment, organigrammes vivants…), la recherche du consentement de tous (au plus au niveau de décision, tout à fait atteignable à large échelle contrairement à ce que certains énoncent mais sous certaines conditions), une décentralisation (bien plus importante que dans la politique contemporaine, on pourrait parler ici d’autonomie), et un système évolutif (il n’y a aucun sens à écrire une constitution à durée indéterminée alors que le contexte change et que l’on sait pertinemment que les règles doivent changer au travers du temps).
Ces caractéristiques qui tâchent de mieux conceptualiser l’horizontalité sont également issues de mes propres travaux et de l’intelligence collective déployée dans les groupes auxquels j’ai pu participer.

C’est un idéal une fois de plus, et l’intérêt pour nous sera sans doute de déjà rendre explicite ce qui est tacite et de nous servir des besoins présents pour établir des fonctionnements afin d’y répondre tout en mettant en place un cadre évolutif afin d’être dans une posture d’évolution permanente.

3) Concernant la démocratie directe locale et la démocratie horizontale

Le premier outil pour pouvoir prendre les municipales, à mes yeux, c’est l’assemblée populaire horizontale.
C’est un outil très mal employé en France où il y a un peu de retard à mes yeux (dans le sens où les assemblées du 15M en Espagne se passent mieux que celles de Nuit Debout !)

La méthode de tenue d’assemblée horizontale que je propose se sert de la pratique de la palabre africaine : une assemblée vivante qui change de forme en fonction du moment, des petits groupes à l’assemblée plus classique. Mais aussi beaucoup de processus différents tant en termes de tenue que de prise de décision, etc.

Présenter ce que pourrait être une démocratie horizontale à l’échelle d’un pays me semble être difficile car nous aurons au final assez peu de temps pour un tel concept, mais il sera possible d’en donner des bases et une idées.

Enfin et ce qui m’enthousiasme particulièrement est l’atelier stratégique autour des municipales de 2020, car c’est un enjeu de taille pour lequel la belle démocratie a déjà démarré un travail encourageant et j’espère que nous serons nombreux à agir dans ce sens.

J’espère avoir pu donner un aperçu pertinent des apports que je peux partager, mais au final chaque moment passé ensembles sera très participatif et c’est chacun qui pourra co-créer cet événement, je suis curieux de vous rencontrer et découvrir vos propres expériences.

Bien à vous,

Rami Brahem.