« Et passez le sang aux seaux d’eau ! »
TRISTE ANNIVERSAIRE aux OUBLIETTES
Entre les lignes entre les mots
Merci à eux
Publié le 18 octobre 2017
Du nouveau sur le 17 octobre 1961
En 2011, à l’occasion du cinquantième anniversaire du 17 octobre 1961, François Hollande inaugura un procédé inédit et de peu de lustre en matière de reconnaissance des crimes d’Etat : l’aveu chuchoté, a minima, expédié à la sauvette. C’est par un bref communiqué qu’il se contentait en effet de relever que « le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits ».
Dans ce type de déclaration, chaque mot est pesé : selon les termes de ce qu’il faut bien appeler une reconnaissance escamotée du crime d’Etat par l’autorité en place : les Algériens ne manifestaient pas, stipule le chef de l’Etat, pour l’indépendance de leur pays mais pour un « droit » nébuleux à celle-ci (formule tortueuse et délicat euphémisme qui en rappelle un autre : « les événements d’Algérie » plutôt que la guerre d’indépendance des Algériens) ; les manifestants étaient victimes d’une « sanglante répression », mais sans doute tombée du Ciel courroucé par tant d’audace, le nom béni des dieux de la police parisienne mandatée par les plus hautes autorités de l’Etat ne sachant être prononcé en telle place ; enfin, last but not least, « la République reconnaît avec lucidité ces faits » – mais pas au point de les qualifier (crime d’Etat, voire crime contre l’humanité) ni, bien sûr, d’en prendre la responsabilité face aux victimes, à leurs proches et à leurs descendants, aussi bien en termes de réparation morale que de compensations matérielles.