La permaculture doit-elle devenir populaire ou marchande ?

Le collectif Transition valentinois se réunit le lundi 16 octobre 2017 à 18h30 à la MPT du Petit Charran

Il relai une annonce de formation diplômante “Permaculture et Conception” : Introduction à la Permaculture du 14 octobre-15 octobre…possibilité de continuer ensuite vers un PDC (Permaculture Design Course)

Pour un stage voici un exemple de prix :

Exemple 1 : vos revenus sont inférieurs au SMIC et le stage vous a satisfait
(mais vous êtes très limité financièrement) :
Part 1 (150€) + Part 2 (300€) + Part 3 (0€) = 450€ = Total du coût du stage

Exemple 2 : vos revenus sont entre le SMIC et 2300€ net, le stage vous a plutôt satisfait :
Part 1 (150€) + Part 2 (450€) + Part 3 (200€) = 800€ = Total du coût du stage

 

Question : ne voyons nous pas le piège tendu à la permaculture ?

N’est-il pas en train de donner lieu à sa récupération par la sphère marchande plutôt que de continuer à provoquer à l’émancipation de tout un chacun et à l’autonomie alimentaire collective pour le recouvrement de la souveraineté alimentaire nationale, territoriale et entre villes et ceintures périphériques…?
On se  souvient des dizaines de débats de la Cen en 26 et 07 avant et après le film “Peak Oil Of Cuba” où comment face à la rupture de livraison du pétrole russe en 91-92, 12 millions de Cubains ont pu survivre et même vivre mieux grâce notamment à la permaculture urbaine et péri urbaine, 3 millions de Havanais se nourrissant dans un périmètre de 8 km, et aussi l’exemplaire cité de Calderdale en GB ou 80% des 13 000 habitants produisent de quoi se nourrir gratuitement, par trocs et échanges !!!!

Pour avoir subi une présentation ultra publicitaire d’un stage “Permaculture “au salon Primevère à Lyon en février dernier, d’une nullité totale mais transpirant le désir de le remplir en en tirant un max de profit (1000 euros la semaine) j’ai été pris d’un haut le coeur et ai fortement réagi ce qui a déplu à certains épigones, plutôt de la classe moyenne, soumis à la parole des gourous du bien être et plutôt immergés dans la marchéisation généralisée de la vie au temps de l’hégémonie des valeurs du capitalisme
Ainsi quelques jeunes formatés par le système et l’hégémonie des valeurs marchandes cherchent-ils  à se faire un job lucratif (auto entreprenarial)  sur tout ce qui bouge en ce sens quand les fermes collectives et autogérées  des Volonteux (26) ou celle de Caracoles de Suc (07) par exemple en  ont réuni d’autres plus coopératifs pour produire de la qualité à des prix raisonnables via des circuits directs…tout en réalisant sur leur lieu des formations à des prix défiant cette concurrence.
D’ailleurs la ferme des Amanins, n’ouvrait elle pas ses portes pour  16 euros l’entrée, à 8 euros la tartine extra fine de pain fromage et le tout à l’avenant,  sélectionnant ainsi les amis du retour à la nature parmi les classes moyennes colibristes cherchant à faire juste leur part;..vers le désastre ? L’on peut s’inquiéter quand la fondation Rabhi, réunit des fonds provenant de riches destructeurs de la planète se rachetant une conscience écolo  et l’estime d’eux mêmes après avoir pêché, ou mieux se faire indirectement une publicité désormais plus efficace pour développer leur activité …
Par contre, on ne nie pas ici que l’organisation sur des lieux d’expérimentations et de vie a un coût et ne peut être gratuit que par le subventionnement d’une Collectivité publique (rare !) qui chercherait  à former sa population à retrouver les chemins de jardins collectifs et de l’esprit du bien commun (non marchand) ceux de la nature et de la terre vivrière, de l’eau et de l’alimentation saine, de la cantine bio locale sociale par exemple via une régie publique alimentaire, gouvernée par une démocratie locale plus directe, et donc visant aussi une formation qualifiante dans ces perspectives, techniques et philosophiques.
Là serait plutôt le vrai souci de l’autre, la bienveillance, la créativité sociale et écologique, l’écologie intérieure et la permaculture humaine, et ….même la perma-économie

André Duny

A lire de près également Mathilde Anstett qui écrit sur  descolarisation.org

“A nous de collectiviser nos besoins, de nous enrichir mutuellement de nos savoirs et expériences respectifs, de construire, sur des espaces dévolus à tous des poulaillers, des jardins, des bibliothèques, des mielleries, des espaces de rencontre, des vergers collectifs, (…)

À nous de définir des espaces individuels et d’autres communs, à nous de mettre en place le partage des ressources en nous libérant progressivement du joug de l’argent, en prenant en compte les réalités d’aujourd’hui sans oublier l’objectif de demain.

Nous ne pouvons faire l’impasse sur la réappropriation de l’en commun, ni sur la question politique, car ce sont aujourd’hui les deux principaux freins à l’essor de la permaculture et à l’instauration d’une société qui prendrait soin de tous et de chacun. Nous n’avons pas d’autres choix !!!”

Mathilde Anstett

“Ça y est la permaculture a le vent en poupe mais une immense erreur subsiste dans son application puisque le critère de « réussite » d’un « projet » en permaculture -comme dans tous les domaines de l’existence- consiste à le valider ou non en vérifiant si celui qui le met en œuvre « en vit ».
Par un prodigieux tour de passe-passe, vivre est ici associé à l’idée de retirer d’une activité une substantielle somme d’argent qui nous fait soudain exister. Car si « on n’en vit pas », très logiquement, on est donc mort, absent, nul aux yeux des autres. Pourtant cette étrange association d’idée n’a pas toujours été évidente, elle est le résultat d’une lente instillation de poison, suite à notre immersion progressive dans  un bain de pratiques et de pensées vénéneuses…..”