Le gaz de schiste soupçonné de malformations du nouveau-né

Le 02 avril 2014 par Romain Loury

Une étude épidémiologique est lancée.
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La proximité des puits de gaz de schiste est-elle néfaste pour les enfants à naître? Tel est ce que fait craindre une récente étude menée au Colorado, Etat dont les autorités sanitaires viennent de lancer une enquête épidémiologique à ce sujet.

Composés organiques volatiles, oxydes d’azote et de soufre, particules fines, hydrocarbures aromatiques polycycliques… autant de produits que dégagent les puits d’exploitation de gaz non conventionnel, non seulement eux-mêmes, mais également toute la lourde machinerie nécessaire à leur exploitation.

Or certaines de ces substances, en particulier le benzène, le toluène et le xylène, sont tératogènes et mutagènes, donc particulièrement à risque pour le fœtus. En 2012, une étude menée en Pennsylvanie faisait déjà part d’un risque accru de naissance prématurée et de faible poids de naissance chez les enfants dont les mères avaient passé leur grossesse à proximité de tels puits.

125.000 naissances étudiées

 

De nouveaux travaux, menés par des chercheurs en santé environnementale de la Colorado School of Public Health d’Aurora, semble aller dans le même sens. L’équipe a examiné, sur la période 1996-2009, la fréquence d’anomalies de naissance parmi près de 125.000 nouveau-nés dans des zones rurales du Colorado, le tout évalué en fonction de la proximité de puits de gaz de schiste.

Résultat: les enfants les plus exposés ont 30% plus de risques de présenter une malformation cardiaque que ceux dont le domicile ne présente aucun puits dans les 10 miles (environ 16 km) à la ronde. Les chercheurs évoquent également un risque multiplié par deux de défauts de fermeture du tube neural, grave malformation connue sous le nom de «spina bifida».

 

Une enquête en cours

Contrairement à l’étude menée en Pennsylvanie, les chercheurs n’ont découvert aucun effet apparent sur le poids de naissance ou le risque de prématurité -ce qui incite à la prudence quant à l’interprétation de ces résultats. Ceux-ci sont toutefois assez troublants pour que le département de santé publique et d’environnement du Colorado (CDPHE) se soit saisi du sujet, lançant une enquête épidémiologique dans le comté de Garfield, à l’ouest du Colorado, ainsi que l’a révélé fin mars un quotidien local, le Post Independent.

 

L’attention des autorités aurait été attirée par des soignants ayant remarqué une recrudescence des malformations fœtales détectées lors de la grossesse, alors que ce comté s’est doté de nombreux puits de gaz de schiste ces dernières années. Cité par le Post Independant, un porte-parole du CDPHE a indiqué que l’enquête serait rendue publique une fois achevée, ce qui prendra «plusieurs semaines».