Les COMMUNS LOCAUX pour sortir du CAPITALISME ?

CE QUE NOUS ONT INSPIRE les : Rencontre du Frioul : R Gori, les citoyens contre les bureaucraties 20 juillet 2014 |  Par Collectif CAMédia

La 5ème Rencontre organisée les 5 et 6 juillet par CAMédia, sur l’île du Frioul, a mis en débat la notion de “commun”…

C’est un concept central auquel se réfère la Cen dans sa perspective générale de sortie du système par  le chemin  local mais sans localisme !

Les anciens et actuels “communaux” donnent une idée de cette approche…dont notre famille d’ouvriers agricoles a pu profiter au sortir de la guerre (étangs, bois, pâtures, terres, batteuse, bâtiments…communaux nous ont rendu plus libres que la propriété privée)

Avec les Enclosures en Angleterre aux 17è-18è siécles, les nobles et riches anglais brisent les “communaux” et l’agriculture vivrière, l’autonomie alimentaire des petits paysans , en mettant les moutons à laine partout derrière des enclos, pour fournir les manufactures capitaliste naissantes et leur débouché sur le marché mondial. Du coup ils ont affamé les petits paysans fermiers et ouvriers agricoles qui ont dû  quitter la campagne et se mettre sur les routes pour survivre en s’embauchant à vil prix chez les riches et dans les manufactures de drap de laine exportée…

Reprendre pourvoir sur la mégamachine du Capital mondial peut commencer et a déjà commencé par  la (re) construction, au local, de communs, ou propriétés communes, pour usages communs entièrement soustraits aux banques , aux multinationales, aux  hyper marchés, et autres séduisantes formules du capitalisme vert et collaboratif qui , en fait, laisse entre les mains des actionnaires et riches propriétaires, la propriété (privée)   le pouvoir politique (non réellement partagé) la culture spectacle mainstream, la culture critique et créative partant en quenouille, étant la première victime des réductions des dotations de fonctionnement attribuées par l’état libéral aux communes (moins 28 milliards !)

Ici, nous ne portons pas une vision de substitution d’un productivisme (socialisé) à un autre (capitaliste) mais sommes dans la perspective d’une bio-socio-économie qui ne détruit pas la nature, au maximum relocalisée, fortement créatrice d’emplois de qualité, et donc réparatrice des  liens sociaux et de la nature, selon un “développement endogène” sans croissance (en réalité avec décroissance quantitative du PIB)

On peut commencer par l’appropriation collective ou sociale (qui se pratique de plus en plus à l’échelle communale ou en scops ou en SCIC ou via des coopératives intégrales ) en vue de mettre tout le monde et d’abord les classes exploitées à l’abri des périls qui s’en viennent en escadrilles du fait de l’extrême fragilité du système technicien capitaliste mondialisé (90% des nourritures importées par camion, centrales nucléaires menaçantes, inondations plus fréquentes susceptible de couper les circuits longs d’approvisionnements ) :
-mise en commun des moyens de production d’énergies (renouvelables), de taille conviviale, en propriété commune (réseaux de scops, fermes bio à biodigesteurs, régies publiques municipales…) avec un choix vigilant de techniques qui à l’autre bout du monde ne détruisent ni le climat , ni les ressources, ni les humains (en ce cas laissons tomber les cellules photovoltaïques à l’acétate de vinyle cancérogène), pour privilégier un bouquet acceptable de petites unités moins dépendantes du machinisme et des grands opérateurs, qui vont de pair avec la sobriété bien répartie..

Par exemple, des méthaniseurs fabriqués en France, produisant  simultanément, en cogénération, du gaz naturel, de la chaleur et de l’électricité, avec la biomasse là où il y a trop de paille ou de bois ou de déchets vraiment bio, sans jamais les alimenter comme en Allemagne par des cultures de rente..Par exemple la revitalisation de la vie économique locale par le réinvestissement de friches industrielles au lieu de céder aux sirènes des investisseurs rasant tout pour faire des grandes surfaces, ou de l’immobilier de rente. La reprise de terrains pour produire du bio vendus en circuits courts aux cantines, restaurants , petits transformateurs ce qui revitalise l’économie locale,  avec l’argent tournant dans le territoire de main en main enrichissant tout le monde lentement mais sûrement, en court circuitant l’agro-alimentaire, l’hyper commerce, la restauration industrielle Sodhexo…et faisant renaître des rapports sociaux plus solidaires..

Tout se tient comme dit le chef indien Seatle : après de longs débats publics grâce à  la puissance publique locale cette valeur ajoutée considérable ce bien commun cet espace du commun et du possible face aux effondrements, nous, puissance publique aux mains des habitants, pouvons choisir des techniques à faible énergie grise, non polluantes, créatrices d’emplois (TEPOS éthique)  limiter l’emprise de la propriété privée industrielle, immobilière, foncière , commerciale, promouvoir des biens communs (dont rachats de bâtiments, ateliers, dont  forêts, forêts comestibles, jardins collectifs,  terres vouées à installation de producteurs, aides à la conversion bio pour les cantines de surfaces agricoles arrosées de pesticides, et servant à l’exportation ou à la nourriture d’animaux élevés hors sol), chercher ensemble à réduire massivement les émissions de CO2 et  l’empreinte écologique des habitants  et de leurs activités,  le tout ne pouvant vraiment se faire :
-sans la démocratie directe, sans le contrôle démocratique direct par la population, les syndicats, les associations, les travailleurs eux mêmes, via des commissions, conseils à inventer cas par cas
-sans le développement des éducations  et cultures populaires, sans les débats et les échanges et “conscientisations” à la justice sociale, climatique, au partage, à la solidarité bienveillante à l’égard des réfugiés , sans changement de regard à l’égard de la  “terre mère” bref sans l’agitation des idées et la stimulation de la créativité salons, foires, festivals co-construits, éducations populaires émancipatrices, enfants instruits par recherche action sur le développement endogène de leur cité /territoire…)

-sans le retour à l’autonomie et à la sécurité alimentaires par la production locale d’aliments sains via une agriculture paysanne aidée voire de régies publiques agricoles et alimentaires municipales pour cantines 100% bio direct social, des graines de variété “population” à la table, puis au compostage ou à la cuve du bio digesteur municipal, dont les effluents enrichiront les sols agricoles-voire liquéfié, pour faire carburer les minibus à gaz (ou les scooters) entre les villages ou en ville (les bus à gaz existent mais ce sont des gaz fossiles)  à éviter : les déchets verts urbains et déchets agricoles traités qui métanisés diluent la pollution sur les sols d’où la nécessité de filières bio de A à Z de la graine au lixiviat

-de produits utiles développés par l’artisanat et les petites entreprises (dont celles reprises en Scop)  réunies en réseaux avec une monnaie commune complémentaire en  SCIC et dialoguant entr ‘elles avec leurs salariés et avec les habitants réunis en conseils pour de productions de  qualités utiles

Le tout sous la gouvernance tout de suite possible de la démocratie directe (cf les expériences de Saillans, Vandoncourt, Porto Alegre, Marinaleda, etc etc) elle même agent de développement local humain, économique solidaire endogène sans croissance quantitative…et pas seulement club de discussion et de décisions réduites aux seules commodités de la vie en commun. Bref une démocratie locale portant  des politiques publiques de développement économique sans croissance quantitative et non cancérogène !

Mais finies les illusions de relance…

Un nouveau cycle d’expansion de croissance infinie même verte dans ce monde fini n’est pas envisageable ! (lire “A dieux à la croissance” de Jean Gadrey et “La grande Dévalorisation” :” Pourquoi la spéculation et la dette de l’état ne sont pas la cause de la crise” Post Edition 2014)

Il n’existe ni la base matérielle, ni l’espace écologique ni les ressources naturelles qui  permettrait un “développement durable” lequel nous a fait perdre 25 années en nous enfermant dans une impasse

L’effondrement de la civilisation industrielle portée par l’accumulation capitaliste toute carbonée et toute numérisée et automatisée, massivement destructrice des emplois et de la biosphère a commencé

Une civilisation se termine …nous devons en bâtir une nouvelle

Possible ! Et nous pouvons !

Déjà en marche  Pas sans batailles globales et locales Pas sans bataille des idées pour cette conception du monde Pas sans projets concrets locaux Ni sans échanges multiples des expériences. Ni sans formations réflexion. Ni sans libération de la créativité populaire et celle de la jeunesse qui actuellement galère dans les précarités ou le chômage de longue durée…Ni sans alliance des classes populaires et des intellectuels disposés aux partages…”A demain Gramsci !”

Ni sans toi lecteur

ACTIONS

a) décrédibiliser les grands monstres du système, continuer de ruiner leur « hégémonie intellectuelle » (Gramsci). Ca rend plus facile les alternatives

b)
Chercher partout à expérimenter développer populariser colporter toutes les expérimentations de solutions de sortie du système c’est à dire de toutes ses composantes : de sa culture à son économie sachant cependant que c’est l’économie (la propriété) qui détermine largement comment nous vivons

c)
Adhérer à la Cen pour créer ou rejoindre des comités locaux agissant en canadaires collectifs de lutte et d’expérimentations alternatives rouges et vertes en solo ou dans des collectifs “société civile » sans allégeance à des partis ou sans instrumentations en sous mains par des intérêts privés

d)
la soutenir par un don

e)
Participer à son Congrès-AG 16-17 avril prochains (voir sur ce site de la CEN comment y participer)

AD