Lyon, Grenoble les armes biologiques

Extraits d’une brochure de Secily ; Collection “les assassins sont parmi nous”

Source : www.infokiosques.net

Texte intégral : http://www.infokiosques.net/spip.php?article266

Lyon, 1er octobre 2005
Service Civil Lyonnais
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5 – Criminalité scientifique : tolérance zéro

” Vous en savez déjà suffisamment. Moi aussi. Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut. Ce qui nous manque, c’est le courage de comprendre ce que nous savons et d’en tirer les conséquences.” (Sven Lindqvist, Exterminez toutes ces brutes, Le serpent à plumes, 1998)

Résumons les éléments rassemblés jusqu’ici :

1. Lyon et Grenoble abritent deux laboratoires vulnérables aux attentats, aux vols, aux accidents, aux fuites de savoir-faire.

2. Lyon et Grenoble sont également le pôle européen de développement des bio et nanotechnologies. Or ces technologies sont duales, elles “servent aussi à faire la guerre”.

3. L’armée est présente dans tous ces projets. Officiellement, elle ne s’intéresse qu’aux programmes de “biodéfense”. C’est oublier qu’il y a 30 ans, le programme nucléaire offensif se masquait aussi derrière ses applications civiles (Dominique Lorentz, Affaires atomiques, Les arènes, 2001 ; Bruno Barillot, Le complexe nucléaire, CDRPC, 2005). Quand on lit que “les armes biologiques pourraient bien jouer au XXIème siècle le rôle des armes nucléaires au XXe” (Libération, 22/08/2001), comment ne pas imaginer que le même jeu macabre pourrait se rejouer, à notre insu, entre Lyon et Grenoble ?

4. Nos sociétés sont vulnérables aux risques biologiques. L’Etat s’appuie sur cette vulnérabilité pour justifier la course technologique vers le “tout-sécuritaire” (biométrie) ou la “détection des attaques” (biopuces).

Cela se passe ici, chez nous.
Ce sont des ingénieurs, des chercheurs, des techniciens qui habitent près de Lyon ou de Grenoble, qui font leur marché le week-end, ont des enfants, une maison, des loisirs.

Les lecteurs d’Hanna Arendt savent ce qu’est la “banalité du mal”. Les auteurs de Germes(opus cité) décrivent Bill Patrick, un spécialiste du programme des armes biologiques de Fort Detrick : “Ses souvenirs, tueries d’animaux, infections d’êtres humains, découvertes de nouveaux instruments de mort, ne le tourmentaient pas. Tout cela, à ses yeux, relevait de l’opiniâtreté militaire, de la dissuasion nécessaire, de la sauvegarde des forces nationales. ’’A l’époque, l’objectif était de résoudre le problème, non d’ergoter sur les ramifications philosophiques de ce que nous étions en train de faire, nous dit-il. Le vendredi, quand nous plaisantions, assis en rond, ce n’était pas pour dire : “Nous avons l’obligation morale de réduire ceci ou cela !” mais : “Comment allons-nous augmenter la concentration ?” On ne reliait jamais notre activité à des gens’’.”

Y-a-t-il des Bill Patrick entre Lyon et Grenoble, et combien sont-ils ?

Nous voulons connaître tous les impacts sociaux et environnementaux des bio et nanotechnologies. Nous voulons savoir tout ce qui se trame en notre nom, de Lyon à Grenoble. Existe-t-il des programmes militaires d’armes biologiques menés au P4 de Lyon et au CRSSA de La Tronche ?

Nous voulons que cesse cette course folle dans les bio et nanotechnologies, dont on sait qu’elles sont par essence proliférantes, duales, mortifères. Nous ne voulons plus d’une science orientée par les applications militaires et industrielles. Nous voulons une science orientée par le bien commun.

Nous ne voulons pas entendre parler des arguments du type “si c’est pas nous ce seront les autres”, encore moins du chantage à l’emploi. Pour nous, nos enfants et nos petits-enfants, pour nos amis et les enfants de nos amis, nous voulons connaître et que soit connus les risques de toute recherche. Nous ne voulons pas être des cobayes. Nous voulons décider collectivement de ce dont nous avons besoin.

L’ignorance est une des bases du consentement. Plus que jamais, nous avons besoin de radicalité, c’est-à-dire d’aller à la racine des choses. Une démarche indispensable pour mettre à jour ce qui se trame en notre nom, effectuer les changements nécessaires à une vie digne. Cela dépend de chacun de nous, de notre capacité à dépasser la résignation, propager l’information, s’organiser collectivement.

Lyon, 1er octobre 2005
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P.S.

BIBLIOGRAPHIE

- Les armes biologiques, Que sais-je ? Patrice Binder, Olivier Lepick, PUF, 2001
- La menace, bioterrorisme : la guerre à venir, Dominique Leglu, Laffont, 2002
- Germes, les armes biologiques et la nouvelle guerre secrète, Miller, Engelberg et Broad, Fayard, 2001
- La guerre des germes, Ken Alibek, Presses de la cité, 2000

- Le système technicien, Jacques Ellul, Le cherche-midi, 2004
- La convivialité, Ivan Illich, Fayard, 2004
- L’Obsolescence de l’homme, Gunther Anders, Encyclopédie des nuisances, 2001
- Affaires atomiques, Dominique Lorentz, Les arènes, 2001
- Le complexe nucléaire, Bruno Barillot, CDRPC, 2005
- La société cancérigène, G. Barbier et A. Farrachi, La Martinière, 2004
- Ces maladies créées par l’Homme, D. Belpomme, Albin Michel, 2004