BURKINI : stop ou encore ?

EXTRAIT du (vif) DEBAT sur ECHANGES de la CEN (300 inscrits) à propos du BURKINI

Et un appel final des femmes palestiennes

Voir à la fin si vous souhaitez vous y inscrire…

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Le FEU aux POUDRES

Maxime: « …marre que les femmes me reluquent, fichez-moi la paix s’il vous plaît ! » (suit une photo de lui avec le voile)

Françoise

Attention Maxime …les femmes sont voilées non pas parce que les hommes les reluquent…
Non, c’est parce qu’elles sont habitées par le mal et qu’elles  provoquent la gent masculine.
Ainsi voilées, elles sont moins dangereuses.

Jean-François

Là Maxime…tu renforces l’idée que cette affaire de burkini est anecdotique, ce qu’elle n’est pas. Les gens qui ont lancé cette “tenue vestimentaire” tout à fait singulière dans les années 80, en Egypte, puis en Algérie, puis en France, savaient ce qu’ils faisaient et l’exprimaient clairement. Il s’agissait de déposer le “ver dans le fruit” de la civilisation chrétienne occidentale, pour imposer partout où c’était possible un style de vie proche des préceptes de la charia, un modèle de société qui n’a rien à voir avec les valeurs de liberté, d’égalité, de respect de l’individu, qui nous sont propres…

Jean-Patrick

Je pense qu’il faut qu’on arrête de se balancer seulement des scuds et que celles et ceux qui ont des positions en expliquent les fondements.

 

Karima

 

Je n ai pas dans l’immédiat le temps d expliquer l ensemble des fondements de ma position. Ce que je peux dire rapidement c est que je crois au libre arbitre et à l altérité. Je déteste ce racisme déguisé en laïcité dévoyée. Je crois que pour paraphraser Bourdieu la question “faut il permettre la baignade aux femmes voilées” ? est la question parente alors que la question latente reste la même : la France peut elle accepter  l’altérité?
Et qu’ on ne me dise pas que l’altérité n’est pas radicale car c est ce qui diffère radicalement de moi qui est Autre.

Bref, je suis lassée de voir des gens parler à ma place et savoir mieux que moi ce que je dois porter ou nom. Je suis lassée du degré zéro de l’argumentation des anti voile.

Je couvre mon corps du voile. Je veux quand je veux parce que c’est le mien. Si d autres veulent se découvrir grand bien leur fasse je n’y vois pas d’inconvénient

Enfin me parler du Coran quand on parle d’un état de droit ça m’exaspère

Michel

Ce que je vais écrire n’est ni le seul argument, ni peut-être un bon argument, mais c’est un élément de débat.

→ dans l’altérité, il n’y a pas qu’une composante de différence, il y a aussi un élément de réciprocité (pour l’autre, l’autre c’est moi, et réciproquement)

L’interdiction du burkini me choque

(ce qui me choque c’est qu’on fasse appel à un arrêté pour prétendre régler cette question du vivre ensemble ← mais c’est là la logique libérale d’une société de plus en plus individualisée et qui ne comprend plus les relations humaines qu’à partir du Droit. Le Droit dans cet usage libéral, c’est le prix à payer du “moi, je veux faire ce que je veux”) et je suis choqué de voir une vidéo où des policiers municipaux oblige une femme à ôter son foulard sur une plage : cela ne devrait pas se faire = c’est indécent (imagine-t-on les mêmes policiers en train d’obliger une nonne à quitter sa coiffe dans la même situation ?).

Mais réciproquement : je suis tout autant choqué de savoir que dans certains pays le voile ou le foulard ou je ne sais quoi sont obligatoires, quelle que soit votre croyance.

Je veux bien comprendre que dans un lieu sacré, les règles de l’hospitalité peuvent obliger l’invité à se plier aux coutumes (et c’est pourquoi je ne rentre pas en bermuda dans une église, j’ôte mes chaussures dans une mosquée et quand je visite un temple hindouiste, je laisse à l’entrée ma ceinture de cuir) ; mais cela c’est dans un lieu sacré, pas dans l’espace public et profane.

L’interdiction me choque ; et réciproquement l’obligation me choque.

Peut-on feindre de croire que celle qui aujourd’hui se baigne en burkini ignore que le police du vêtement dans certains pays marque la domination et l’aliénation, et qu’il est le symbole d’un type d’organisation sociale que je ne suis pas le seul à combattre ; suffit-il de se réfugier dans l’individualité des intentions (“moi, je”) pour se laver les mains de ce qui est oppression subie par des femmes ? Je sais bien que l’individualisme peut se prêter à toutes les ruses, mais quand il en vient au nom des libertés individuelles à revendiquer le signe de la domination, un certain cran est en train de se franchir.

A ignorer cet aspect, on en vient à éliminer toute réciprocité dans l’altérité et il ne reste plus alors que de la différence, ce qui est une bien pauvre et dangereuse altérité.

Ce n’est là qu’un argument au sein d’un débat riche ; il y a d’autres arguments et des contre-arguments. Tant mieux, c’est cela le débat, c’est-à-dire l’altérité en acte.
Karima

Juste. Les femmes voilées le font pour tout un tas de raisons. C’est dommage que vous ne leur posiez jamais la question et que vous plaquiez sur elles vos propres grilles de lecture. Merci de vous décentrez.[…]Non, vous citez votre compréhension d’un texte que vous n’avez probablement pas lu et encore moins en contexte c’est à  dire en avalant l’ensemble de l’histoire de l’Arabie au VIIème siècle.

Bref si vous avez envie de croire à  vos propres sottises tant mieux. Pendant ce temps dans notre pays, on restreint les libertés individuelles des femmes au nom de leur libération. Subir des discriminations partout et tout le temps c’est votre projet pour les femmes musulmanes de ce pays.

Votre pseudo féminisme sent la naphtaline et invisibilise toute une partie des femmes sous prétexte que vous croyez avoir compris le Coran. C’est lamentable.

Jean-François

Ce qui est lamentable chère Karima, c’est l’usage qui est constamment fait de la méconnaissance supposée des textes et de l’histoire contre tous ceux qui ne pensent pas “dans le bon sens”. Qu’en savez-vous ? J’ai la plupart des textes musulmans (du moins ceux qui sont traduits). Quand j’ai des doutes, j’ai de bons amis diplômés des meilleures universités du monde arabe, ou des historiens qui sont capable de me remettre les idées en place ! La question qui se pose c’est en effet la liberté individuelle des femmes. Dans ce cas, je m‘adresse à une femme, par exemple Wassyla Tamzali qui depuis des années crie dans le désert et supplie les féministes européennes, la gauche européenne, de ne pas laisser tomber la liberté des femmes du monde arabo-musulman… (lire “Une femme en colère, lettre ouverte d’Alger aux Européens désabusés, ou pour les pressés un interview de Tamzali sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2009/12/11/wassyla-tamzali-desormais-l-islamisation-des-moeurs-triomphe_1279305_3232.html

La question c’est aussi de savoir si, promouvoir une idéologie liberticide, est une expression acceptable de la liberté individuelle……l’idéologie qui nous a amenés les problèmes de voile, de niqab, de hijab, la viande halal à tous les étages, la piscine non mixte certains jours, des médecins femmes pour les femmes et hommes pour les hommes…, est à l’évidence une idéologie liberticide qu’il est normal de combattre.

Dommage qu’il n’y ait pas plus d’intellectuels de culture musulmane comme Amar Bellal qui nous mettent les points sur les “i” (voir  https://environnement-energie.org/2016/08/16/un-vetement-pas-comme-les-autres/ )

Roger

Ce débat sur le “Burkini” n’est pas sans me rappeler un autre débat passionné sur le “Bikini”, perversion suprême de l’après-guerre, qui s’exprimait alors honteusement sur nos plages. A tel point qu’une sorte de méduse aussi colorée qu’urticante qui arrivait alors sur nos côtes fut baptisée “bikini”, sans doute pour conjurer le mal.

Bref, il est parfois des sujets de “Ire” qui servent de “cache sexe” à des sujets bien plus graves, notamment aujourd’hui, à la débilité mortifère et criminelle de notre monde politique et financier.

Personnellement, je ne suis pas certain que prendre un bain toute habillée, soit pour une femme un signe d’esclavage et se baigner à poil, la marque inéluctable d’une vraie liberté ?

Jean François

Tu nous en remets une couche dans la confusion. Le bikini est un vêtement qui suit des critères de mode, qui n’a d’autre intérêt que de diminuer la quantité de matière première tout en accroissant le marché… Le burkini est certes un vêtement de plage, mais c’est surtout une banderole, un trac, un slogan qui nous dit : “je suis musulmane intégriste, je n’ai rien à faire de vos idées de modernité, je me réfère au droit coranique et non au droit républicain, j’accepte d’être dominée par l’homme parce que c’est dans l’ordre des choses…“

 

 Gérald envoie in fine :
Roger fait allusion au bikini. Or l’origine du nom de cette minuscule tenue de bain n’est pas sans intérêt puisqu’il s’agit des îles Bikini, un atoll faisant partie des îles Marshall dans le pacifique, qui furent le théâtre “d’essais” atomiques à partie de 1946 par les USA.
Le bikini serait ainsi ce qu’il reste d’un maillot une pièce après une explosion atomique !
Ses promoteurs le présentaient aussi comme la première bombe anatomique !

Par analogie, il semblerait que le burkini soit ce qu’il reste après 68 ans d’occupation, de colonisation et d’apartheid en Palestine, mais aussi après plusieurs années de bombardements américains en Irak, en Afghanistan et au Pakistan, après un génocide russe en Tchétchénie sans oublier plusieurs années d’occupation soviétiques en Afghanistan, et quelques bombes françaises sur la Syrie, ridicules par le nombre mais pas par les conséquences.
Certes il ne faut pas non plus négliger un autre fait constitué par une forte concentration d’idéologies d’extrême droite au moyen-orient (Likoud ; Hamas ; Erdogan ; Daech . Saoudiens ; Quatari ; et depuis peu Poutine, beaucoup plus fasciste qu’il n’y parait, n’en déplaise à Mélenchon.
Dans ce contexte, le burkini apparait comme un des symptômes de la montée d’un identitarisme communautariste, qui n’est pas de génération spontanée, mais bien la conséquence d’une accumulation de frustrations et d’humiliations.

Les femmes apparaissent donc comme un enjeu plus que majeur : vont-elle opter pour l’émancipation et renier leur communauté ou bien rester solidaires ?

La réponse ne fait aucun doute : dans l’histoire on n’a jamais vu ce genre de désolidarisation. C’est l’erreur majeure des Vals, Badinter, Fourest, et des “plages d’extrême-droite” !

Résultat : en mettant en avant des faits historiques ou actuels faits de racisme, de passé colonial, de crimes de guerre massifs, de pillage des ressources, certains essaient de substituer au combat politique “oligarchie contre intérêt général” un combat douteux “blancs contre musulmans”.
C’est une impasse objective, mais il faudra que beaucoup de choses changent dans la société avant que ce soit admis.

ET Jean envoie ce message “POUR PARLER D’AUTRE CHOSE QUE DU BURKINI”

Le bateau des femmes à Gaza: un message d’espoir et de solidarité

Bateau des femmes à Gaza (GBM) est une initiative Flottille de la Liberté Coalition (FFC) *. En lançant le bateau des femmes, des femmes de partout dans le monde visent à mettre en évidence les apports indéniables et l’esprit indomptable des femmes palestiniennes qui ont été centrale dans la lutte palestinienne à Gaza, en Cisjordanie, à l’intérieur de la Ligne Verte et dans la diaspora.
Gaza est sous blocus israélien depuis la dernière décennie, au cours de laquelle Israël a également lancé d’innombrables attaques contre la population assiégée, tournant leur vie en un cauchemar et une lutte continue.
Grâce à la liberté Flottilles et d’autres missions navales, nous avons attiré l’attention internationale à leur souffrance et leur résistance.
Le GBM vise non seulement à contester le blocus israélien , mais aussi de montrer la solidarité et apporter un message d’espoir au peuple palestinien. Avec le soutien des femmes, des hommes, des organisations non-gouvernementales, des groupes de la société civile et à partir des collectifs et des événements dans le monde des femmes, nous allons y arriver.

 

* FFC est composé d’organisations et d’initiatives de la société civile de nombreux pays. Nous

subissons  le blocus israélien illégal et inhumain de Gaza depuis des années et nous sommes

déterminés à poursuivre la lutte jusqu’à ce que le blocus soit levé sans condition et que le peuple palestinien retrouve partout ses pleins droits.

 

La lutte des femmes palestiniennes

Les femmes palestiniennes ont joué un rôle clé dans les organisations communautaires et la

mobilisation depuis la première Intifada de l’influence de 1987. Les femmes ont facilité un

engagement à la base, par opposition à la mobilisation militaire, une stratégie qui a été

particulièrement attrayante pour les femmes compte tenu des contraintes de genre à l’activité politique.
Au début, les femmes ont reçu une formation et des moyens pour soutenir leurs propres

ménages et participer à l’insurrection. De nouvelles organisations ont été formées pour combler les lacunes dans les services résultant de la lutte pour garder leurs quartiers et leurs familles.

Lorsque les comités de quartier ont été interdits en 1988, les femmes ont formé d’autres groupes informels et formels. Certaines femmes travaillant pour l’Autorité nationale palestinienne (PA) et d’autres organisations formelles.

Toutefois, en raison de l’occupation, de nombreuses autres femmes travaillent de manière informelle et leur travail est largement méconnu.

 

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Vous aussi vous pouvez prendre par à ce débat après ceux sur l’état, l’émancipation-soumission, le boycott des présidentielles, la démocratie, la sortie du capitalisme, l’écologie sociale, la culture,  ou l’éducation populaire….

Inscrivez vous sur ECHANGES de la CEN directement sur son site ici.