Qui détruit le climat ? (Evo Moralès)

FRAGMENTS DES DISCOURS PRONONCES PAR EVO MORALES A COPENHAGUE (blog Fabrice Niccolino (dernier livre : “Bidoche”)

« Je tiens à exprimer mon mécontentement devant la désorganisation et les retards qui caractérisent cette rencontre internationale. »

“Quand nous interrogeons nos hôtes au sujet de ce qu’il se passe… ils nous répondent que c’est un sommet des Nations Unies ; quand nous le demandons aux Nations Unies, elles nous répondent que c’est le Danemark, et nous ne savons pas qui désorganise cette réunion internationale.”

« …je suis très surpris de constater qu’on ne parle que des effets, mais pas des causes des changements climatiques.

« Si nous n’identifions pas d’où vient la destruction de notre environnement… nous ne réglerons jamais, assurément, ce problème…

« …deux cultures s’affrontent : la culture de la vie et la culture de la mort, la culture de la mort qui est le capitalisme. Nous, peuples indigènes, nous disons que le vivre-mieux revient à vivre mieux aux dépens d’autrui.

« …en exploitant autrui, en pillant les ressources naturelles, en violant la Terre nourricière, en privatisant les services de base…

« Vivre bien, c’est vivre dans la solidarité, dans l’égalité, dans la complémentarité, dans la réciprocité…

« Ces deux formes de vécu, ces deux cultures existentielles s’affrontent quand nous parlons des changements climatiques.
Et si nous ne décidons pas quelle est la meilleure forme de vécu ou de vie, nous ne réglerons jamais ce problème.
Il s’agit en effet de problèmes existentiels : le luxe, la surconsommation, qui font tort à l’humanité. Mais c’est là une vérité que nous ne voulons pas dire dans ce genre de réunion internationale.

« …dans notre façon de vivre, ne pas mentir est quelque chose de sacré, mais que nous ne pratiquons pas ici.

« …notre Constitution consacre l’ama sua¸l’ama lulla, l’ama quella, autrement dit ne pas voler, ne pas mentir, ne pas fuir.

« …la Terre nourricière ou la Nature existe et existera sans l’être humain, mais l’être humain ne peut vivre sans la planète Terre. Nous sommes donc obligés de défendre le droit de la Terre nourricière.

« …je salue les Nations Unies qui ont enfin déclaré cette année le Jour international de la Terre nourricière.

« …la mère est quelque chose de sacré, la mère est notre vie ; la mère, vous ne la louez pas, vous ne la vendez pas, vous ne la violez pas. La mère, vous devez la respecter.

« Nous avons de profonds désaccords avec le modèle occidental, et c’est de ça dont il faut débattre.

« Nous sommes en Europe. Vous savez que beaucoup de familles boliviennes, de familles latino-américaines viennent en Europe. Pourquoi y viennent-elles ? Pour améliorer leurs conditions de vie. Une personne peut gagner en Bolivie cent, deux cents dollars par mois ; mais si elle vient ici en Europe s’occuper d’une personne âgée, elle en gagne mille par mois.

« Voilà les asymétries qui existent d’un continent à l’autre, et nous devons débattre de la façon d’introduire un certain équilibre… de réduire ces profonds clivages entre les familles, entre les pays, et surtout entre les continents.

« Quand… nos sœurs et nos frères viennent ici pour survivre ou pour améliorer leurs conditions de vie, on les expulse… il existe ces fameux documents dits de retour… mais quand les ancêtres européens arrivaient jadis en Amérique latine, on ne les expulsait pas.

Mes familles, mes frères ne viennent pas ici pour s’emparer des mines, ni de milliers d’hectares pour devenir propriétaires fonciers.

On n’avait pas besoin jadis de visas ni de passeports pour arriver à l’Abya Yala, appelée maintenant l’Amérique.

« …si nous ne reconnaissons pas le droit de la Terre nourricière, nous parlerons en vain de ces dix milliards, de ces cent milliards, qui sont de toute façon une offense à l’humanité.

« …les pays riches doivent accueillir tous les émigrants engendrés par les changements climatiques, et non pas les renvoyer dans leurs pays, comme ils le font actuellement.

« … notre obligation est de sauver toute l’humanité, et non une moitié.

« …la Zone de libre-échange des Amérique… n’était pas une zone de libre-échange, mais une zone de libre-colonisation des Amériques… »

Parmi les questions qu’Evo MORALES a suggéré d’inclure dans un référendum mondial sur les changements climatiques, il a proposé celles-ci :

“Êtes-vous d’accord pour rétablir l’harmonie avec la Nature, en reconnaissant les droits de la Terre nourricière ?

« Êtes-vous d’accord de changer ce modèle de surconsommation et de gaspillage qu’est le système capitaliste ?

« Êtes-vous d’accord pour que les pays développés réduisent et réabsorbent leurs émissions de gaz à effet de serre ?

« Êtes-vous d’accord pour transférer tout ce qui se dépense dans les guerres et pour allouer aux changements climatiques un budget supérieur à celui de la défense ? »