Pour mieux lire un bouquin en groupe essayez la méthode de l’arpentage

Arpentage

FICHE ARPENTAGE

L’arpentage est une méthode de découverte à plusieurs d’un ouvrage, en vue de son appropriation critique, pour nourrir l’articulation entre pratique et théorie.

Objectifs :

– désacraliser l’objet « livre », populariser la lecture

– expérimenter un travail coopératif et critique

– créer une culture commune autour d’un sujet, d’un savoir théorique

– comprendre qu’aucun savoir n’est neutre, que tout point de vue est situé

Origine :

Méthode de lecture collective issue de la culture ouvrière (cercle ouvrier) puis réutilisée par les praticiens de l’entrainement mental pendant la seconde guerre mondiale par des résistants (autour de Dumazedier), diffusée plus largement par Peuple et Culture, mouvement d’éducation populaire, à partir des années 1950. Plus récemment, Jean Claude LUCIEN (Peuple et Culture Normandie) a continué l’élaboration de cette méthode. Christophe CHIGOT (Crefad-Lyon) et Anthony DUROY (Agora Peuple et Culture) l’ont reprise sous une forme et un fond légèrement différent.

Durée :

De 3 à 6 heures voire plus.

Nombre de participants :

De 5 à 15

Matériel

– Deux exemplaires de l’ouvrage choisi,

– grandes feuilles de papier (ex : feuille de paper board et/ou nappe en papier), des marqueurs.

– photocopies de la couverture, de la table ou index et de l’image attachée au livre si elle ne se trouve pas sur la couverture (4ème de couverture, par exemple).

Déroulement :

Consignes d’arpentage pour une demie-journée

Situer l’ouvrage et son auteur

 

La formatrice choisit un ouvrage qu’elle a lu et qui présente un intérêt particulier au regard du thème du séminaire, ici sur l’histoire de l’éducation populaire. Par exemple l’ouvrage d’un pédagogue influent par rapport aux expériences d’éducation populaire (comme La pédagogie des opprimés de Paulo Freire) ou un moment clef des réflexions, problématiques en lien avec l’éducation populaire actuelle (comme les actes des rencontres pour l’avenir de l’éducation populaire en 1998 à la Sorbonne) ou un ouvrage sociologique par exemple qui présente un point clef de l’approche « L’éloge du conflit » de Miguel Benasayag et Angélique del Rey. Présentation par la formatrice de toute information particulière sur l’auteur, sa place dans l’univers intellectuel, le moment et les raisons de l’écriture de cet ouvrage et sur l’image attachée à ce livre. Elle peut inviter également au préalable le groupe à commenter le titre et tout ce que le groupe peut relever de l’observation de ce livre jusqu’à la formulation par le groupe d’éléments du contenu du document (faire des hypothèses sur les idées développées dans l’ouvrage).

Organiser la lecture

– découper l’ouvrage pour répartir une partie égale de texte à chacun-e sans tenir compte des chapitres (en divisant le nombre de pages par le nombre de lecteurs)

– arracher chacune de ses parties pour les attribuer à chaque lecteur-trice

– disposer d’un temps de 45 minutes pour la lecture d’environ une dizaine de pages

– possibilité de s’isoler à l’endroit qui convient à chacun-e pour la lecture. Chaque participant lit sa partie comme il le souhaite.

Le dévidoir

 

Ouvrir la plénière par un espace d’expressions, réactions libres à chaud à l’issue de la lecture. Cette étape permet sur la forme ou le fond de prendre pied dans la restitution, y compris sur le registre du sensible. Par exemple « il écrivait mal… »

 

 

Restitution

 

La restitution ne s’effectue pas nécessairement du début jusqu’à la fin.

Chacun aura à répondre de quelques questions pour restituer des éléments de sa lecture :

Tableau d’exploitation du livre pour chacun

– idées forces

– questions que je me pose

– ce que je savais déjà

Restitution en groupe plénier par partie, l’un restitue, un autre écrit sur une nappe en papier en face de lui ou sur les feuilles de papier affichées au mur, les « points forces » abordés par le lecteur. Sur l’affiche ou la nappe sont indiqués tous les chapitres du livre tel que découpé par le nombre de lecteurs. Dans le cas de la nappe, on ne peut pas s’asseoir en face de son chapitre de lecture.

Retour sur la méthode de lecture

Réactions à la fin après l’exploitation sur la technique de l’arpentage : vécu de chacun-e, réutilisation ? Ouvertures possibles à partir cette lecture ?

Exploitation ou prolongement de l’arpentage

Proposition d’écriture seul ou à plusieurs d’un texte d’exploitation de l’ouvrage à partir de quatre questions :

– « ce qui fait écho à ma pratique et à mon savoir antérieur à cette lecture » ?

– « ce avec quoi je suis en accord ou en désaccord » avec le propos de l’ouvrage

– « ce que j’aimerais dire à l’auteur/aux auteurs ».

– « choisissez un mot, une notion, un concept, que vous souhaitez définir (en version académique et en version explication grand public) et/ou un couple de mots qui vous fait penser »

OPTION :

– le cas échéant commentaire critique de votre part soit sur la méthode de l’arpentage (à froid de l’exercice), soit sur sa réutilisation dans un autre contexte en votre présence, soit sur la tentative de transmettre des idées force de l’ouvrage à d’autres personnes n’ayant pas lu l’ouvrage