Comprendre l’économie pour en sortir ? (du roboratif pour mieux agir)

Un peu d’économie pour comprendre comment sortir de l’économie (et d’abord du capitalisme)

Permettez qu’ on vous livre 4 articles pour mieux comprendre !

*Une autre relance sans croissance ? * Le Consensus de Washington ? * La prochaine bulle sera celle des dettes publiques * Sur la croissance : Stiglitz et ses amis, Mélenchon et ses économistes

MOTIFS

Rien n’est plus pratique qu’une bonne théorie selon nous pour résister aux assauts libéraux comme de ne pas s’égarer dans nos actions de résistance, dans nos luttes, dans nos recherches d’alternatives…
Hélas on ne prend plus le temps. Ou alors en bref et en image en micro infos et impressions sur les réseaux sociaux. Et on rate la structuration de notre pensée qui permet de mettre de la perspective globale solidement étayée sur l’analyse des mouvements réels du monde réel.
Contribuer à stimuler chez nos interlocuteurs par des dispositifs co-constructifs un  effort intellectuel critique c’est une des visées de la nouvelle éducation populaire

Elle ne vise pas seulement à accompagner l’émergence de la puissance et de l’autonomie d’action des dominés mais aussi la co-construction des savoirs de l’émancipation du système, ceux de l’alternative : une société écologiquement soutenable, socialement juste, économiquement résiliente, culturellement bio diverse , critique sur elle même et l’avenir du monde,  inventant des manières de produire en réhabilitant la nature bien saccagée, de vivre solidairement et sobrement en contexte de probables effondrements écologiques et sociaux.

Sans donner des leçons, elle conteste les manières de voir dominantes (celles qui confortent le pouvoir économique, politique, intellectuel, technologique des dominants, théorie du ruissèlement, fondamentaux du “Consensus de Washington” sur cette livraison)

Elle se veut antidote  aux  pièges de la récupération par le marché, même mâtinée de bons sentiments comme dans le film DEMAIN dont le succès n’a d’égal que la faiblesse de son cadre théorique… Du coup, il nous “optimise global” dans des solutions de capitalisme vert, sauf quelques ouvertures hors marché et le discours de Vandana Shiva. Il nous rassure faussement : encourageant à tout changer tout en continuant à détruire notre monde mais avec moins de brutalité visible. Exemple type : la voiture électrique, illusion d’une possible “croissance verte” qui détruit le monde et pollue mais loin de nous et l’illusion de pouvoir substituer les “énergies renouvelables” aux énergies fossiles (et fissiles) Or elles sont incapable d’assurer le moteur du système, c’est donc de système qu’il faut changer en décroissant sa méga machine, et en transformant propriété, pouvoir, rapports sociaux et chaînes des consommations…et tout le reste  (cf l’article d’Alain Gras, livré ici même) ,

Le premier
Une autre relance est possible !” (sans croissance)

De Jean GADREY
Mardi 3 février 2009 dans la catégorie Les derniers articles https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/…/l-expansion-economique- sans-croissance

Le second Un débat essentiel existe à gauche entre ceux qui pensent qu’il faut très vite relancer la croissance (qu’ils qualifient de « verte », crise écologique oblige), et ceux qui estiment qu’il faut « profiter de la crise » pour en finir avec le culte de la croissance et proposer une autre vision du progrès.

Les premiers ont un argument : la croissance est favorable à l’emploi, et elle dégage des surplus économiques pour améliorer les conditions de vie et la protection sociale. Cette « loi » a été plus ou moins vérifiée dans le passé. On en déduit qu’elle doit s’appliquer à l’avenir. C’est faire preuve de peu d’imagination face à une crise systémique.

CREER DES EMPLOIS SANS CROISSANCE, C’EST POSSIBLE…

https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2009/06/30/l-expansion-economique-sans-croissance

Créer des emplois sans croissance des quantités produites mais par la croissance de la qualité (de vie, des produits) et de la durabilité (des produits, processus, modes de vie) est une possibilité que la plupart des économistes ignorent, scotchés qu’ils sont aux bonnes vieilles « lois » du passé : quand la productivité du travail progresse de 1 % par an, il faut une croissance de 1 % pour seulement maintenir l’emploi, et de plus de 1 % pour ajouter des emplois. C’est absolument imparable (à durée du travail inchangée) tant que l’on croit que les chiffres de croissance et de productivité sont l’alpha et l’oméga de l’analyse économique. Mais c’est absolument insoutenable quand on prend conscience que ces chiffres passent à côté de ce qui va devenir l’essentiel !

Les calculs macroéconomiques de la croissance, de la productivité et du pouvoir d’achat ne tiennent pratiquement aucun compte des gains ou pertes de qualité et de durabilité. La production d’un kwh d’une centrale à charbon y est comptée comme celle d’une éolienne, la production d’une tonne de blé bio comme celle de l’agriculture polluante, celle d’un m2 de logement à zéro émission comme celle d’un logement qui gaspille l’énergie, à confort identique. Le gigot néo-zélandais qui a parcouru 18 000 kms en avion-cargo réfrigéré y est équivalent au gigot « propre et sain » de proximité, et, pour peu que le premier soit moins cher, on dira même qu’il améliore notre pouvoir d’achat. Tout ce qui est en train de bousiller les ressources naturelles, l’eau, la biodiversité et le climat compte pour du beurre dans ces comptes du fordisme auxquels nos économistes croient dur comme fer. Ils ne peuvent donc pas envisager une seconde une progression de l’emploi sans croissance « puisqu’il y a des gains de productivité liés au progrès technique ».

Ce qui détermine l’emploi, ce n’est pas le couple croissance/productivité (parce qu’il ne mesure pas l’essentiel des changements en cours et à venir), c’est d’abord la valeur ajoutée et son contenu en travail. Or il existe deux grandes façons typiques de faire « progresser » la production. La première, fordiste, consiste à produire plus des mêmes choses avec la même quantité de travail. C’est la définition des gains de productivité du travail. Il y a alors de moins en moins de valeur ajoutée et de travail par unité produite (mais pas forcément moins de ressources naturelles et de pollutions par unité produite, là est le problème). La seconde, qui va être au cœur du « développement durable », consiste à produire et consommer autrement et plus sobrement d’autres choses (des kwh « propres », des aliments bio, des m2 à zéro émission, des produits à longue durée de vie et recyclables…), et cela exige en général plus de travail et plus de valeur ajoutée par unité produite que dans les solutions productivistes. Par conséquent, une réorientation de la production et des modes de vie vers la durabilité, par substitution des productions et consommations « propres » aux solutions « sales », va se traduire par… une baisse de la productivité du travail TELLE QU’ON LA MESURE ACTUELLEMENT, selon des méthodes inadéquates. En revanche, cela n’a aucune raison de réduire la valeur ajoutée globale et l’emploi, bien au contraire.

Des scénarios existent pour une agriculture, une industrie, des bâtiments, des transports et des énergies durables (négaWatt, étude récente de WWF…). Ils combinent les apports des technologies et ceux d’une sobriété réfléchie et différenciée (personne ne demande aux plus démunis d’être sobres). Ils exigent tous plus d’emplois que dans les organisations actuelles, qui sont à la fois productivistes, gaspilleuses et polluantes. L’étude de WWF s’intitule « – 30 % de CO2 = + 684 000 emplois », avec une croissance zéro de la production de kwh, mais une progression des (bons) usages de l’énergie. Cela vaut le détour.

Mais, comme les prix des produits et services durables sont et seront en moyenne plus élevés, l’accès universel à des modes de vie durables, condition clé de succès et d’acceptation, suppose de s’en prendre énergiquement aux inégalités, ce qu’oublient fâcheusement les scénarios écolos précédents.

… MAIS IL FAUT REDUIRE FORTEMENT LES INEGALITES

L’autre relance, celle qui pourrait nous éloigner de la zone des tempêtes sociales et écologiques, passe non pas par la croissance mais par la solidarité (du local au global) et le partage. Partage du pouvoir économique et politique, partage des ressources économiques et naturelles, partage du travail, solidarité avec les générations futures. Aucune de ces formes de partage ne progressera sans des mobilisations puissantes contre les privilèges des possédants et des actionnaires.

Pour améliorer les conditions de vie de la majorité des Français en réduisant fortement leur empreinte écologique, pour éradiquer la pauvreté dans un monde durable, les ressources existent, sans exigence de croissance. Il faut « juste » les distribuer autrement. Les 0,15 % les plus riches du monde détiennent à eux seuls un patrimoine de 40 000 milliards de dollars, hors résidences principales. Un ISF mondial modeste au taux français rapporterait 600 milliards par an. C’est plus qu’il n’en faut pour atteindre à la fois les objectifs du millénaire adoptés par les gouvernements du monde entier aux Nations Unies et l’objectif de division par deux des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2050.

En France, les réductions d’impôts directs décidées depuis 2000 en faveur des plus riches représentent un manque à gagner de 30 milliards d’euros par an pour les finances publiques, bien au-delà du seul « paquet-cadeau » fiscal de Sarkozy en 2007. Si l’on y ajoute les réductions de cotisations sociales patronales décidées depuis 1992, dont au moins la moitié sont inefficaces en termes d’emploi, cela fait plus de 50 milliards par an ! Il faudrait y ajouter les niches fiscales indécentes pour privilégiés, la fraude fiscale, l’évasion dans les « enfers fiscaux », les profits scandaleux de Total, etc. D’énormes ressources publiques sont ainsi disponibles, sans croissance autre que qualitative, pour la « relance » d’un progrès social respectant les équilibres écologiques : éducation, santé et autres services publics, gardes d’enfants, personnes âgées, logement, mais aussi minima sociaux, contrôle public des banques, emplois jeunes de qualité, emplois durables dans de nouvelles activités d’utilité écologique et sociale, accompagnement de la reconversion des activités insoutenables. Elles permettraient d’investir massivement dans la « grande bifurcation » d’un système en faillite sur tous les plans.

Les « croissancistes » font penser à des pédiatres qui confondraient le développement d’un enfant avec sa prise de poids. Ils nous incitent à l’obésité économique, une pathologie qui peut être fatale. 2 % de croissance par an d’ici 2100 signifie six fois plus de biens et de services produits. Indépendamment même de l’aggravation dramatique de la crise écologique que cette accumulation insensée provoquerait, franchement, six fois plus de quoi ? Quand arrête-t-on cette course folle ? Trop tard ou tout de suite ? La croissance fait désormais partie non pas des solutions, mais des problèmes.

Jean Gadrey économiste (sur son blog)

Le SECOND La prochaine bulle sera celle des dettes publiques

par ROBERT GIL

Le capital a toujours cherché à se valoriser là où il y avait le plus de rendement.
L’ affairisme, le détournement, le cynisme, la cupidité sont consubstantiels au capitalisme.

Le capitalisme est à l’agonie car il atteint ses limites interne et externe.

Internes car la concurrence, la compétition font que le capitaliste doit s’adapter aux gains de productivité issus de l’innovation et notamment des gains énormes liés à la micro informatique. Les concurrents doivent s’aligner et /ou innover pour dépasser.

Externe car les ressources naturelles diminuent dramatiquement.

Nous ne pourrons jamais revenir au capitalisme des 30 « glorieuses » car la productivité par la micro informatique rend très peu rentable les industries du secondaire dans les pays dits développés.

La valorisation du capital ne se fait en outre que par la production de travail humain dépensé réellement. Or, l’informatique, la numérisation, l’automation rendent se travail productif humain obsolète. Nous assistons donc à des forces productives sans commune mesure avec le passé où le travail humain disparaît. Cette tendance lourde ne peut plus être compensé par la consommation qui se fait par l’endettement. En effet, comme la productivité dite relative a atteint des sommets (gains de productivité), les capitalistes pour contrer la baisse tendancielle du taux de profit s’ attaquent à la productivité absolue, c’est à dire le coût du travail.

Nous avons donc de très forts gains de productivité qui détruisent le travail productif humain, donc qui diminue la valeur générée par ce peu de travail dans les marchandises. Cependant, les travailleurs ne peuvent consommer cette production car les salaires diminuent ou alors il faut s’endetter.

Nous tournons donc en rond.

L’ austérité est une des voies choisie par les cyniques et cupides pour faire porter le point de ces contradictions aux peuples; cependant, la relance, (1) qui permettrait de rééquilibrer la balance vers les salaires ne serait qu’un pis aller qui ne nous mènerait pas très loin.

Ce qui a pour l’instant sauvé de manière fictive le capitalisme est l’industrie financière. En effet, la sur accumulation du capital ne trouvant pas de débouchés dans l’économie réelle avec les rendements permettant sa valorisation va se valoriser dans l’industrie financière qui seule tire aujourd’hui la croissance. Mais, tout ce capital fictif ne trouvera plus jamais à se réaliser dans l’économie productive (quelle que soit l’endroit au monde du fait de la productivité moyenne globale atteinte) et fournira inlassablement les bulles spéculatives jusqu’ à leurs éclatements.

Le plus grave, c’est que la prochaine bulle sera celle des dettes publiques (dettes d’ Etat). Donc, oui, les Etats n’ont plus d’argent, ou alors fictif, et la relance ne fera qu’aggraver ces dettes. Une taxe Tobin sur les transactions financières ne ferai qu’advenir plus rapidement l’éclatement de ces bulles.

La Chine que l’on dit au TOP a tiré sa croissance grâce surtout au béton (autant de béton utilisé en 4 ans en Chine que pendant tout le 20ème siècle par les USA!) pour faire sortir des villes nouvelles désertes, des autoroutes, ponts, routes; etc.. et par la consommation par endettement (les classes moyennes achètent, par ex, des voitures de marques allemandes, mais en leasing; très peu de voitures plus ordinaires). La Chine ne peut aussi utiliser ses réserves de dollars car dès que ceux-ci seraient émis, ils se dévaloriseraient.

En conclusion, nous assistons à une dévalorisation générale et notamment du travail productif qui seul compte pour générer de la valeur économique.

Le capitalisme nous enferme dans un carcan de barbarie avec son lots de pauvreté, de misère, de saccage de la nature, de maladies chroniques liées à toutes les saloperies générées par ses sociétés.

Dans son agonie, le capitalisme ira jusqu’au bout en détruisant les services publics, en transformant en marchandise le vivant dont l’ être humain, les activités qui autrefois faisaient partie de l’entraide comme l’ aide aux personnes âgées, les activités ménagères qui sont toujours le lot des femmes peu qualifiées et dont ces métiers sont méprisées, en innovant sans arrêt pour fabriquer des gadgets électroniques inutiles qui sapent les liens sociaux, détruisent la nature et augmentent les risques de maladies.

Ce ne sont pas l’économie circulaire (qui permet surtout de rationaliser le procès de production), l’économie sociale et solidaire (qui donne bonne conscience aux entrepreneurs et permet de marchandiser des activités qui ne l’étaient pas), le capitalisme vert (qui permet aux firmes les plus polluantes de « verdir » à peu de frais), l’auto gestion, la socialisation des moyens de production qui changeront quoi que ce soit car tous ces économies dites alternatives sont assujetties au capitalisme donc à la société de la marchandise.

Vous pouvez monter une SCOOP, vous devrez néanmoins conquérir des marchés dans cette société.

Nous devrions donc dépasser le capitalisme, la société de la marchandise et donc le travail pour pouvoir produire (et nous avons toutes les ressources productives possibles) des richesses pour toutes et tous, ces richesses exprimant des besoins nécessaires et vitaux.

ROBERT GIL | février 13

(1) Lire sur le site de la Cen www.la-cen.org “Une autre relance ?” J Gadrey

(2) Lire encore Sur la croissance : Stiglitz et ses amis, Mélenchon et ses économistes
Explication : pourquoi la baisse du taux de profit (avec un exemple concret)

La définition même du taux de profit fait apparaître un phénomène paradoxal : l’accumulation du capital risque en permanence de le faire baisser.

Le capital constant c est présent uniquement au dénominateur. Cela signifie concrètement que plus un investissement est lourd en machines, nouvelles technologies etc … moins le taux de profit sera élevé.

Admettons que notre entreprise n’ait besoin que de main d’œuvre, le taux de profit se ramènera à TP = pl/(c+v) = pl/v. Dès que notre patron investira un peu de matériel (balais, serpillères etc …), le taux de profit baissera.

Marx expose cette tendance du capitalisme dans le Livre III du Capital.

Facteurs antagonistes

Marx lui-même a mis en évidence les facteurs antagonistes à la baisse tendancielle du taux de profit[2], c’est-à-dire les contre-tendances. Cependant aucun de ces facteurs n’apporte de remède durable, ce qui explique la hiérarchie de “tendance” vs “contre-tendance”.

Hausse de l’exploitation

L’investissement dans le capital constant, en augmentant la productivité, a généralement pour effet de réduire le prix des marchandises courantes donc aussi la valeur de la force de travail (le coût nécessaire pour fournir aux salariés leur niveau de vie existant). Cela permet donc aux capitalistes d’extraire une plus-value relative (sans baisser voire en augmentant les salaires réels).

Mais il y a une limite matérielle à cette influence contraire. Dans une journée de travail de 8 heures, la part couvrant les salaires peut passer de 4 heures à 3 heures, voire à une heure, mais elle doit bien être positive ! On peut même s’intéresser à ce qui arriverait dans le cas – totalement abstrait – d’un « taux maximal d’exploitation », avec des ouvriers travaillant sans salaire : l’augmentation du capital constant fait néanmoins chuter le taux de profit !

Sous-payer les travailleurs

La mise en concurrence des travailleurs entre eux permet une pression à la baisse sur leurs salaires, qui peuvent descendre en-dessous de la valeur de la force de travail, c’est-à-dire en dessous du minimum vital…

Dépréciation du capital constant

L’augmentation de la composition technique du capital permet des gains de productivité qui en retour permettent de baisser la valeur des moyens de production, donc de freiner la hausse de la composition organique. Néanmoins, la baisse intervient a posteriori sur des moyens de production… déjà dépassés. Voir l’exemple “Entrepreneur en Bidules” ci-dessous.

Commerce international

L’accroissement du commerce international (“mondialisation”) a des effets contradictoires. Premièrement, il favorise l’accumulation, donc accélère la tendance à la hausse de la composition organique. Mais il permet également une baisse du prix des denrées alimentaires et des moyens de production, donc une hausse du taux de profit.

Exemples

Comparaisons entre branches

Type d’entreprise
Capital constant
Capital variable
Plus-value
Valeur produite
Taux d’exploitation
Taux de profit
Main d’oeuvre
100
100
100
300
100%
50%
Moyenne
200
100
100
400
100%
33%
Haute technologie
300
100
100
500
100%
25%
Entrepreneur en Bidules

En 2000, je suis un industriel parmi d’autres qui fabrique des Bidules.

J’achète 10 machines de 10 000 € chacune pour 100 000 €, paie 10 ouvriers pendant un an et les paie 10 000 € chacun pour l’année, soit 100 000 € dépensés en salaires. Ma production est de 300 000 Bidules, dont le prix unitaire est de 1 €. J’ai donc une composition organique du capital de 1/1, et un profit de (300 000/200 000) -1= 50%, ce qui est le profit moyen de mon industrie.

En 2010 un fournisseur de machines vient me voir et me fait une offre alléchante : il peut me vendre les mêmes machines dont j’ai besoin moitié moins cher. Chaque machine demande un ouvrier, donc je paierais toujours 100 000 € en machines, mais cette fois j’aurais 20 machines, et j’emploierais 20 ouvriers, et paierais donc 200 000 € en salaires. Ma production serait double de celle de 2000 : 600 000 bidules. Leur prix serait toujours le même, car je serais le seul à utiliser ces nouvelles machines bon marché, je ferais donc un profit de (600 000/300 000) – 1 = 100 %.

Très intéressant ! Mais un autre fournisseur me propose quant à lui des machines qui valent un peu plus cher que la précédente, 15 000 € chacune, mais qui permettent de produire deux fois plus de bidules, toujours avec un ouvrier par machine. Je fais mes calculs et opte pour cette solution : 150 000 € en machines, toujours dix ouvriers donc 100 000 € en salaires, production de 600 000 Bidules valant 1 € chacun, profit de (600 000/250 000) – 1 = 140 %. Je suis aux anges

En 2011 cependant je déchante : tous mes rivaux ont eu l’idée simple de me copier, ils ont tous les mêmes machines. En conséquence le prix du bidule décroit. A nouveau, comme en 2000, pour moi comme pour tout le monde chaque année de travail d’un ouvrier ajoute 20 000 € à la valeur du capital constant employé (des machines), dont 10 000 € partent en salaires. J’ai donc toujours 150 000 € en machines, 100 000 € en machines, production de 600 000 Bidules, mais ceux ci ne valent plus que 0,58 centimes chacun, pour une valeur totale de 350 000 €. Mon profit est alors de (350 000/250 000)- 1 = 40 %, nouveau profit moyen de mon industrie.

Cette baisse du profit moyen est directement liée à la hausse de la composition organique (1/1 en 2000, 1,5/1 en 2011). Pourtant le choix du premier capitaliste qui utilise cette composition organique plus élevée est parfaitement rationnel, comme l’est celui de ses concurrents qui s’alignent sur lui pour ne pas lui succomber dans le cadre de la concurrence.

Extrait de WIKI rouge:

Le TROISIEME
le consensus de Washington :

En 1989, Ben Williamson, prof à Berkeley avait formalisé les 4 piliers du ”Consensus de Washington” adopté par la Banque Mondiale, Le FMI, et l’OCDE : libéralisations  ( des capitaux, des services, des brevets, de l’enseignement ) ; privatisations ( tous les services publics sont par définition privatisables et les entreprises publiques sont par définition privatisables); restrictions budgétaires et stabilisation macroéconomique.

Principales dispositions de ces programmes :

– suppression des subventions et du contrôle des prix,

– réduction des dépenses budgétaires, principalement de protection sociale et d’éducation, avec une diminution importante du nombre des fonctionnaires,

– baisse des prélèvements fiscaux sur les entreprises, le capital et les hauts revenus

-privatisation du secteur public.

Tableau R Gresse

Version Ben Williamson (en 1) et traduction (en 2) par René Passet
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1.   La discipline budgétaire :

2. Un seul Dieu tu adoreras. Et aimeras. Ce Dieu-là te comblera. Il a pour nom “ Argent ”.
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1.   L’acheminement des dépenses publiques dans des directions qui promettent aussi bien une croissance économique qu’une répartition égale des revenus :

2 – Budget d’État ajusteras, afin que les prix, en augmentant, ne ramènent au plus bas, le gain réel de l’épargnant (de capitaux)

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1.   Des réformes fiscales comportant des taux d’imposition maximaux peu élevés et une large assiette fiscale
2 – Impôt des riches abaisseras et réduiras sensiblement. Celui des pauvres augmenteras, pour compenser le précédent
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1. Une libéralisation des marchés financiers
2- Budget social tu réduiras, au détriment de l’indigent. Car c’est ainsi que tu pourras de plus d’argent nourrir l’argent.

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1.   La création d’un cours du change stable et compétitif,
2.  Du capital libéreras, sans hésiter, le mouvement, afin que là où il lui plaira, il entre et sorte à tout moment.

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1.   La libéralisation du commerce,
2. De l’étranger attireras l’épargne et l’investissement. Et à leur flot tu ouvriras tes entreprises largement.

 

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1.L’abolition des barrières à l’entrée sur le marché et la libéralisation des investissements directs étrangers (égalité de traitement entre les entreprises étrangères et celles du pays)
2.Secteur public tu braderas sans hésiter au plus offrant. Pour cela privatiseras, tout ce qui jute grassement.

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1.   Les privatisations
2.  Au seul marché tu permettras, entre demandeurs et marchands, d’effectuer au plus exact, l’indispensable ajustement.

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1.   La déréglementation
2. Compétition assureras en supprimant le règlement qui des marchandises pourra paralyser le mouvement.
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1. La protection de la propriété privée.
2. Propriété renforceras car nul mieux que le possédant ne sait ni jamais ne saura de l’argent faire jaillir argent.

Le QUATRIEME : Sur la croissance : Stiglitz et ses amis, Mélenchon et ses économistes

http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2017/02/26/sur-la-croissance%c2%a0-stiglitz-et-ses-amis-melenchon-et-ses-economistes/

Pour l’objecteur de croissance que je suis depuis longtemps, le débat électoral actuel ne manque pas d’intérêt sur ce plan, au-delà de ses péripéties étonnantes ou inquiétantes sur bien d’autres plans.

Avant d’en venir à nos personnalités nationales, commençons par quatre super grands de l’économie keynésienne mondiale contemporaine, tous anciens « chefs économistes » de la Banque Mondiale. Ils viennent de publier dans Le Monde (mais aussi ailleurs dans le monde) une tribune où ils énoncent « huit grands principes pour guider l’économie mondiale ».