Un mort au barrage Sivens, la violence de l’Etat et l’absence de démocratie éclatent au grand jour

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Avec la mort d’une personne humaine, Rémi Fraisse 21 ans, dans la lutte contre le barrage de Sivens au Testet, la véritable nature du système dans lequel on survit se dévoile une fois de plus, dans une flaque de sang. Quelles que soient les responsabilités dans cette mort, on voit que l’acharnement dans ce projet illégitime de l’Etat, des chefs locaux et de leurs polices a entraîné une forte résistance, et c’est cette situation conflictuelle créée par un système aberrant qui a “déclenché” la mort d’un jeune.

 Non Mr Kempf désolé, il n’est pas correct de dire qu’on “peut revenir en démocratie”, car pour ça il faudrait qu’auparavant on ait été dans une vraie démocratie.

Or nous n’avons jamais été dans une véritable démocratie, et les divers grands projets inutiles, avec les opérations policières qui les accompagnent, sont un des éléments qui le prouvent allègrement.

Au Testet, comme pour le projet de Center Parcs dans les Chambaran (qui est en train de suivre exactement le même processus qu’au barrage de Sivens), NDDL et bien d’autres, on s’aperçoit que, à la base, les lois et la manière de les appliquer sont structurellement inaptes à empêcher les projets inutiles et destructeurs. Ce n’est bien sûr pas un hasard ni une faille involontaire, ces lois et les fonctionnements administratifs qui vont avec sont structurellement et délibérément conçues pour favoriser les puissants et la croissance. Ce système censé préserver biodiversité, eau et environnement ne protège plus rien dès que des intérêts puissant et leurs lobbies sont en jeu.

 

Résistance au Testet (source Reporterre)

Un exemple ? :
Les études d’impact légalement nécessaires à analyser les écosystèmes naturels détruits ou abîmés par un futur projet sont faites par des agences payées par les aménageurs, eh oui, les aménageurs rétribuent les personnes qui vont déterminer quel sera le montant des mesures de compensation ou préservation que les dits aménageurs devront payer ! L’art d’être juge et parti !

Et, pour les contester, les gens ordinaires doivent payer, sur leur propre argent, des experts pour faire des contre expertises…! (généralement hors de prix !)

Autre exemple ? :
Les multiples commissions (enquêtes publiques, CNPN, ONEMA… payées par nos impôts, soi dit en passant) chargées par les règlements de donner un avis sur les projets d’aménagements ne donnent que des avis CONSULTATIFS. C’est à dire que les préfets, conseils généraux et aménageurs peuvent sans problème ne pas tenir compte de ces avis (ce qu’ils font dans la quasi totalité des cas), ou à la rigueur proposer quelques adaptations.

Un autre ? :
Les mesures de compensation (travaux de réhabilitation ailleurs pour “compenser” des destructions d’écosystèmes, déjà le principe est en soi très contestable…!) que doivent mettre en place un aménageur ne sont que très rarement contrôlées, rien n’est prévu pour ce contrôle a posteriori, et les aménageurs ne les réalisent souvent pas du tout, ou juste des petits bouts pour la forme.

 

Clairement, ce genre de scandales montrent, s’il en était besoin, que les populations n’ont aucun pouvoir politique réel, que les lois censées protéger les écosystèmes naturels ne sont que du vent destiné à donner le change, que nous ne vivons pas en démocratie réelle, que les “prétendus” élus, avec leurs alliés capitalistes, peuvent faire ce qu’ils veulent, sans contrôle réel, avec l’appui sans réserve des préfets et forces de police, qui n’hésitent pas à utiliser le passage en force et la provocation, et à risquer des morts et blessés graves comme on vient de le voir hélas au projet de barrage de Sivens.

Manifestation le 20 octobre à Roybon contre le Center Parcs des Chambaran

En conclusion

Au delà des manifestations et actions de protestation pour montrer notre indignation, au delà du soutien aux luttes du Testet, contre le Center Parcs des Chambaran et ailleurs, il faut à présent tenir compte de ces faits et analyses pour de bon, et agir/construire sur le plus long terme.

Et donc s’organiser dès maintenant depuis la base pour tout reconstruire autrement, sans aucune sorte de parti politique, sans pouvoirs d’aucune sorte, par le biais de diverses formes de démocratie directe locale ((DDT ou autre), d’autogestion, d’auto-organisation (dans une commune, un quartier, une association, un groupe en lutte, une coopérative, un centre autogéré, une coopérative intégrale, etc.).

Plus que jamais, il n’y a absolument rien à attendre des pouvoirs, des capitalistes, des partis politiques (de gauche, de droite, des extrêmes, du haut ou du bas), de la croissance (verte, brune ou jaune).

Je ne veux pas de partis politiques, ni de représentants politiques, ni de “grand chef providentiel qui va nous sauver”. Je ne souhaite aucun dirigeants et encore moins de prétendues élites. Qu’ils partent tous !

Même si un parti politique aurait par extraordinaire que des idées géniales et que ses dirigeants seraient par miracle tous des “saints” voulant servir les peuples et le bien commun, je n’en veux pas !
Je souhaite plutôt vivre dans la démocratie réelle auto-organisée depuis la base, avec toutes ses “imperfections”, en apprenant à vivre et décider tous ensemble (par le biais de consensus, de processus de consentement) dans l’intérêt de tous.

Camille*, 27 octobre 2014, jour de deuil

*allusion aux Zadistes de NDDL qui donnaient toujours ce prénom aux médias et policiers, pour préserver leur identité et ne pas donner prise à la catégorisation en chef ou porte parole

PS : ce texte est un article d’opinion, il ne reflète pas forcément les positions de la CEN ni les idées de tous ses adhérents